Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


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Les Polars Wooiens


John Woo

John woo est aujourd’hui le plus connu des réalisateurs asiatiques et grand nombre de cinéastes américains le pillent un peu plus à chaque film. D’autres en sont fans tels Quentin Tarantino ou Robert Rodriguez. Même si sa manière de filmer et son style sont constamment copiés, ils n’ont jamais été égalés. En revanche, on peut dire que le woo-style a changé à tout jamais la façon de filmer l’action et cela dans le monde entier. Le montage à la Hong Kong marqué par un rythme et des enchaînements propres à John Woo a redéfini le mot action.

Exilé depuis 1993 sur le sol américain John Woo ne cesse de faire parler de lui et même si son dernier film Windtalkers divise les fans il faut bien avouer que « Volte Face » était un chef d’œuvre du genre avec une associationCage/Travolta au sommet. Mais « Volte Face » reste le meilleur film

américain de John Woo, car depuis le maître Hongkongais se repose un peu sur ses lauriers. On peut facilement penser que jamais plus nous ne reverrons sur un écran de cinéma la flamboyance d’un polar Hongkongais de John Woo.

La meilleure période de la filmographie du maître a débuté en 1986 avec « le syndicat du crime » et s’est achevée en 1992 avec le survitaminé « A toute épreuve ». C’est après 15 films de comédie de sabre et de guerre que John woo décide de tout arrêter pour se consacrer au film de gangsters. Sans le savoir, John Woo va réinventer le polar et va devenir une idole dans le monde entier.


En 1986, il réalise donc « le syndicat du crime » qui lors de sa sortie va pulvériser les précédents records de recettes et d’entrées du box office de Hong Kong. A Taiwan John Woo remporte le Golden Horse du meilleur réalisateur.
Le film est une réussite totale, tant au point de vue scénaristique que filmique, la réalisation est débridée - sans jeux de mots bien sûr - les acteurs sont parfaits et l’action y est trépidante.
Le syndicat du crime
Le film raconte l’histoire de deux gangsters, trahis, humiliés, roulés dans la boue et qui vont se venger et découvrir la vérité. Cette descente aux enfers est exaltante à suivre et les rapports humains sont très développés. L’amitié et la trahison sont au cœur de l’intrigue et l’émotion y est omniprésente. C’est sans nul doute possible ce qui fait la force d’un polar made in John woo et qui le démarque de ses homologues américains. Seul « Heat » de Mickael Mann peut soutenir la comparaison.
Dans « le syndicat du crime » la reprise des armes par les deux malfrats déchus se fait dans un déluge de violence, les fusillades sont toutes chorégraphiées avec brio et on assiste à de vrais ballets où les cadavres valsent avec leur propre sang devant des explosions toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Pour la première fois le film d’action ose rentrer par la grande porte du cinéma en tant que septième art. C’est John Woo qui en imposant son style donne ses lettres de noblesse au polar d’action. Si le film a rencontré un tel succès c’est aussi grâce à l’interprétation des acteurs. Chow Yun Fat, Ti Lung et Leslie Cheung sont excellents et très charismatiques. Mention spéciale à Chow Yun Fat qui prouve encore une fois, bien avant « Tigre et Dragon », qu’il est l’un des acteurs les plus doués de sa génération.

Le syndicat du crime 2
En 1987 John Woo remet ça avec une suite logiquement intitulée « le syndicat du crime 2 », suite voulue par le producteur Tsui Hark. Il en résulte un film dont John Woo ne sera jamais satisfait. Le film fait pourtant un carton au box office local et consacre John Woo comme le plus grand réalisateur de films d’action encore en activité. On retrouve de nouveau Chow Yun Fat qui joue le frère jumeau du personnage qu’il incarnait dans le premier opus. Ti Leung et Leslie Cheung
sont aussi de retour, on notera la présence de Dean Shek qui joue le rôle d’un parrain qui veut raccrocher mais qui est sans cesse rattrapé par son funeste destin. La fusillade qui clôt le film est considérée à juste titre comme la meilleure fusillade de tous les temps. Elle dure prés de 30 minutes et c’est un véritable carnage, toujours chorégraphié de main de maître.
John Woo exèle et s’amuse. Certains fans du monde entier se réunissent et se passent la fusillade en boucle et analysent la séquence pendant de longs moments. Quel que soit le nombre d’acteurs présents à l’image, l’action est toujours compréhensible et constamment jouissive. Même si le premier « syndicat du crime » était mieux écrit, le second est aussi un très grand film de maître John Woo.

Mais c’est en 1989 que le cinéaste signe son meilleur film. Il se nomme « The Killer » le réalisateur lui-même affirme que c’est un film parfait et on a bien envie de le croire sur parole tellement le film est magnifique. C’est l’histoire d’un tueur incarné par l’inusable Chow Yun Fat qui veut déposer les armes mais lors de son dernier contrat il va blesser accidentellement une chanteuse et va la rendre presque aveugle. Pour financer
The Killer
l’opération qui sauverait la vue de la jeune femme, notre tueur accepte une dernière mission qui va le mener dans les méandres du crime et du mal. Il va être la cible de ses propres employeurs, de son meilleur ami et de la police. Il va faire la connaissance d’un flic joué par Danny Lee qui va tout faire pour essayer de le comprendre, un peu comme dans « le fugitif » avec Harrison Ford, il va en résulter une amitié forcenée, troublante et incorruptible.
Flic et voyou, côte à côte pour un film qui va redéfinir le genre en profondeur. Jamais pour un polar, on avait vu une telle réalisation, un tel style, une telle beauté. Les ralentis sont légion sans atteindre la surenchère, les fusillades sont nombreuses sans être répétitives, les dialogues sont purs sans être simplistes et les acteurs sont géniaux sans en faire trop. Chow Yun Fat et Danny lee forment un duo de légende qui n’a rien à envier aux meilleures productions américaines. La mise en scène est alerte, la chorégraphie des scènes d’actions que l’on doit à Ching Siu Tung est un modèle du genre, bref comme le dit John Woo c’est parfait mais il faut aimer John Woo et ses histoires d’amitiés viriles pour pouvoir apprécier le film à sa juste valeur.
Ajoutons que les musiques composées par Lowell Lo et Sally Ye sont mémorables, ce qui rend le film encore plus beau et touchant. « The Killer » est la libre interprétation faite par John Woo du film noir à la Melville.

Just Heroes
En 1989 également, Woo co-réalise avec Danny lee, Wu Ma et David Chiang un film de gang nommé « Just Heroes ». Le résultat est dans la lignée des meilleurs films de John Woo et porte les marques indélébiles de son style. Le scénario est très bien écrit et les renversements de situation sont fréquents. Danny Lee est toujours aussi convaincant et le film est un succès de plus pour Maître Woo.

Un an plus tard, John Woo s’exile en Thailande, après un différent avec Tsui Hark, monte sa société de production et tourne un de ses plus grand film, à savoir « Une balle dans la tête ». Ce dernier est très chaotique et violent, il se déroule en pleine guerre du Vietnam et suit un groupe de trois amis qui vont se séparer dans la douleur, un peu à la manière des héros de « Voyage au bout de l’enfer » de Cimino. L’horreur de la guerre est pesante et le film est un véritable plaidoyer anticommuniste
Une balle dans la tête
où les américains sont montrés comme les bons tandis que les vietnamiens sont présentés tels des monstres, dépourvus d’humanité.
Le film n’est pas autant stylisé que les autres films noirs de John Woo et reste un peu à part dans sa filmographie. La fin du film entraîne le spectateur dans le paroxysme de l’émotion. Tony Leung, prix d’interprétation à Cannes en 2001 pour « in the mood for love » y joue un personnage en proie au doute et confronté à la définition même du mal et de la haine. Un film coup de poing magistralement orchestré par un John Woo très engagé.

Once a thief
Pour le nouvel an chinois de 1991, le cinéaste signe « Once a thief » une comédie d’action étincelante et brillante mettant en scène un trio amoureux, incarné par Chow Yun Fat, Leslie Cheung et Cherry Cheung. Ce sont tous les trois des as de la cambriole et ils doivent dérober un tableau sur le sol français. C’est l’occasion de découvrir la France vue par John Woo, lui-même grand admirateur de notre pays.
Ce film est un vrai succès tant au niveau qualitatif que commercial. C’est un peu le chouchou du public de Hong Kong. Les fusillades, plus édulcorées sont tout de même de la partie et les fans du réalisateur ne seront pas déçus du résultat.

Le dernier film Hongkongais de John Woo et qui clôturera ce dossier se nomme « A toute épreuve ». C’est un polar non-stop action qui démontre à nouveau le savoir-faire de John Woo dans le domaine. L’association Chow Yun Fat / Tony Leung est fonctionne à merveille et les scènes d’actions sont toutes mémorables. Si on peut dire que The Killer est le meilleur polar de John Woo, on peut facilement affirmer que « A toute épreuve » est son
A toute épreuve

meilleur film d’action. Les guns fights sont tellement nombreux et originaux que le spectateur se trouve plongé au cœur de l’action. Le film dégage une force et une puissance encore jamais effleurées par le cinéma américain. Matrix par exemple se traîne comparé à ce film. Woo triomphe dans un final apocalyptique et démoniaque fait de feu et de sang. Encore un grand film de John Woo sorti en DVD chez HK Vidéo.

Si John Woo n’atteindra peut être plus le niveau de sa période fast de la fin des années 80, son travail restera un héritage indémodable pour tous les réalisateurs de films d’actions et de polars rythmés. A Hong Kong, John Woo ne cesse d’être imité comme partout dans le monde d’ailleurs, comme tous les génies qui se respectent.

 

Par Nicolas Loubère

 

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