Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


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Godzilla

 

C’est en 1954, dans l’après guerre, au pays du soleil levant que GOJIRA plus connu sous le nom Godzilla apparaît pour la première fois sur les écrans de cinéma. Le film traumatise le public qui n’avait pas l’habitude de voir un tel spectacle. Pendant que les américains tentaient déjà de transporter l’animation image par image dans la crédibilité, les japonais ont mis au point un concept simple mais efficace, puisque le film de Hinoshiro Honda réussit son pari le plus fou. Le concept, c’est de créer un costume de taille humaine représentant le monstre, en l’occurrence Godzilla et de filmer l’acteur paré du costume dans un environnement fait de petites maquettes. En 1954, pour le spectateur japonais , Godzilla détruisait vraiment le Japon. Les prises de vues du monstre détruisant les maquettes (villes, avions, ponts, tanks) sont combinées avec des prises de vues réelles rendant le tout plus cohérent. Le film est en noir et blanc et le réalisme est saisissant. Un style de cinéma est né. Dès lors la Toho détentrice de la franchise va produire et produit encore des dizaines et des dizaines de films de monstres.

L’attrait du public Japonais pour tout ce qui est grand ne date donc pas d’aujourd’hui. On peut penser que l’évolution contemporaine de Godzilla est représentée, dans les années 80 par les séries sentaï, comme « Bioman » par exemple. « Bioman » est en fait le clone moderne de Godzilla, seul rempart connu contre l’adversité. Le dossier concocté par la rédaction de Asian Connection 5 a pour but de vous présenter l’univers du film de monstres à la japonaise. Nous avons choisi de vous parler que des films dans lesquels Godzilla apparaît. Après un petit topo sur Hinoshiro Honda et la Toho, place aux films en eux-mêmes.

Inoshiro Honda est né en 1911. Tout petit il voulait être dessinateur, mais en arrivant au collège, son désir se tourna du côté du cinéma. En 1933, il est engagé chez PLC, une compagnie cinématogrphique. Il débute comme assistant réalisateur. Entre son engagement dans l’armée japonaise, sa capture par l’armée chinoise, il continue à faire son job d’assistant. Il est engagé en 1951 par la Toho. Là il rencontre Eiji Tsuburaya, responsable des effets spéciaux. Ils feront 3 films ensemble avant de se lancer dans l’aventure Godzilla en compagnie d’Akira Ifukube, compositeur des nombreux thèmes du lézard géant.
A partir de ce film, sa carrière prend le chemin des films à effets spéciaux et de science fiction.
Tout au long de sa carrière, il a entretenu une amitié solide avec Akira Kurosawa dont il a été l’assistant sur The Shadow Warrior (1980) and Ran (1985).
Il aura travaillé sur 46 films pour la Toho. Il est décédé en 1993 à 81 ans.

On ne peut pas parler de Godzilla sans évoquer Eiji Tsuburaya, le maître de la ménagerie monstrueuse. C’est le film King Kong qui l’incita à se tourner vers les effets spéciaux.
Tomoyuki Tanaka, le producteur de tous les films de monstres
Kenji Sahara, l’acteur le plus employé dans les films de monstres : 16 à son actif !
Shinichi Sekizawa, le scénariste d’à peu près tous les films
Haruo Nakajima, l’indispensable, celui qui a réellement interprété Godzilla et d’autres monstres dans au moins 17 films !

1954 « Godzilla » par HONDA Inoshiro

Le double largage de bombes atomiques sur le Japon a semble-t-il bien des conséquences indirectes: pour preuve, cette immonde lézard de plusieurs dizaines de mètres de haut, tout droit sorti du jurassique, qui sort de sa tanière après des siècles d'hibernation pour atomiser à nouveau le pays du soleil levant. Et ce n'est que le premier épisode! Godzilla est ici, utilisé par analogie aux bombes américaines. Le propos plus ou moins caché du film de Honda apparaît donc très pertinent et bien adapté à l’époque.

1955 « The Return of Godzilla » « Le Retour de Godzilla » par ODA Motoyoshi

Un an plus tard, Godzilla est de retour ! Mais il n’est pas tout seul : il est accompagné de Anguirius ou Anguillas (un monstre que l’on reverra quelques autres fois…) Les monstres s’en prennent à Osaka. Non seulement ils détruisent tout sur leur passage, mais en plus, ils s’affrontent ! A la fin, Anguillas est tué et Godzilla est emprisonné dans un iceberg…

1962 « King Kong vs. Godzilla » « King Kong contre Godzilla » par HONDA Inoshiro

Sept ans plus tard, Godzilla se réveille dans le grand Nord et décide d’aller détruire Hokkaido. Pendant ce temps, une expédition scientifique explore une île vierge de toute civilisation moderne. Et là, ils découvrent King Kong ! Rapatrié vers le Japon, il se libère de ses chaînes, affronte Godzilla et sa barrière électrique et tombe amoureux d’une jeune japonaise… Le final se joue au pied du Mont Fuji et les deux bestioles finissent dans l’océan…
A l’origine, la Toho avait acheté les droits de King Kong (créé par les américains en 1933) en même temps que ceux de Frankenstein pour en faire un film : « King Kong vs Frankenstein ». Puis le projet s’est séparé en deux : « King Kong vs Godzilla » et « Frankenstein Conquers the World » (1965) dans lequel on voit une créature de 70 mètres de haut dévaster tout le Japon, on est bien loin du classique de la littérature gothique de Mary Shelley…
Dans « King Kong vs. Godzilla », l’opposition Etats Unis/Japon se retrouve personnifiée dans ces deux monstres gigantesques, et devinez qui a l’avantage à la fin ? Godzilla, bien sûr !

1964 « Godzilla Fights the Giant Monster » « Mothra contre Godzilla » par HONDA Inoshiro

Un œuf gigantesque est découvert dans une baie. De riches industriels l'achètent et font construire un parc d'attraction autour. Cet œuf se révèle être l’œuf de Mothra, la mite géante, qui vit sur une île autrefois paisible, mais dévastée par les tests atomiques. Là-dessus, Godzilla se réveille, et détruit tout sur son passage jusqu'à l’œuf de Mothra, dont il est bien décidé à se faire une omelette. Un petit groupe de journaliste part sur l'île de Mothra pour lui demander son aide. Commence alors un combat de géant entre les deux monstres.
Dans ce film apparaît un nouveau type de monstre : le monstre gentil ! En effet Mothra est une gentille petite chenille de mite d’une centaine de mètres ! C’est le seul monstre qui aide les humains délibérément. Mothra serait la protectrice d’une ancienne civilisation et aurait toujours combattu pour sauver les hommes. A la fin du film, elle laisse deux petites larves pour assurer la sauvegarde des hommes.

1965 « GODZILLA VS. MONSTER ZERO » : « Invasion Planète X » par HONDA Inoshiro

Les habitants de la planète X demandent à Godzilla et Rodan de venir les aider. En effet, ils sont menacés par Ghidora, monstre de l’espace à trois têtes. Seuls nos deux monstres terrestres semblent détenir le pouvoir de supprimer cette créature spatiale ! Mais ce n’était qu’un vil stratagème visant à laisser le Terre sans défense face à l’attaque des trois monstres : Godzilla et Rodan ayant été détournés par des rayons télépathiques… Enfin, bref, à la fin, tout s’arrange !
Malgré le succès retentissant des films de monstres, la formule narrative répétitive commence à lasser le public. Encore plus, dans les dernières productions on pouvait voir des scènes assez longues de rituels de danse, de références mythologiques plutôt indigestes au public non japonais. A partir de « Invasion Planète X », les producteurs ont essayé de faire des films internationaux ( !)

1966 « Godzilla Versus the Sea Monster » « Godzilla Contre Ebirah » par FUKUDA Jun

Un coin perdu du Pacifique, trois îles inconnues… Sur la première, Godzilla, un monstre bien connu se tape un petit somme, sur la seconde, Mothra, notre gentille mite, somnole, et au milieu, fulmine Ebirah, le poulpe géant ! Si vous ajoutez à cela, un personnage excentrique du nom de Red Bamboo dont la principale motivation est de conquérir le monde, vous pouvez vous faire du souci ! Mais rassurez vous, un petit groupe de personnes va réussir à utiliser la rage destructrice de Godzilla contre tous ces vilains méchants !
Au départ, la star du film devait être King Kong, mais la bête était en vacances… On retrouve donc notre cher Godzilla pour son sixième film en tête d’affiche et surtout dirigé pour la première fois par Jun Fukada, un petit disciple de Honda…

1967 « Son of Godzilla » « Le Fils de Godzilla » par FUKUDA Jun

Sur une île isolée du reste du monde, un groupe de scientifiques préparent une expérience météorologique. Bien sûr, les choses tournent mal et au lieu d’une chute de neige, c’est une pluie radioactive qui s’abat sur l’île. Le résultat ne se fait pas attendre : Kamacuras, un insecte mutant sort de la terre. Et comme si ça n’était pas suffisant, Godzilla débarque sur l’île. Il protège un objet bien intrigant : un œuf ! Un petit Godzilla sort de l’œuf, on l’appellera Minya. Après plusieurs scènes émouvantes où l’on voit Godzilla enseigner à Minya des mouvements d’arts martiaux, d’autres insectes débarquent sur l’île ! Kumonga, une araignée gigantesque, s’attaque à nos deux lézards. Mais Minya veille ! Il sauve son père avant d’entrer en hibernation (et oui, car les scientifiques ont enfin réussi à faire tomber leur neige !)
De plus en plus, l’action des films de monstres se déroule sur des îles lointaines. La raison ? Des budgets de moins en moins élevés. L’exemple le plus évident est « le fils de Godzilla ».
Le personnage de Minya, créé par Sadamsa Arikawa, est assez controversé. Les fans sont partagés, certains renient totalement ce film. Mais ils seront très vite rassurés : Minya ne trouvera jamais un autre rôle à sa mesure et n’aura que quelques petites apparitions aux côtés de son père.

1968 « All Monsters Attack » « Les envahisseurs attaquent » par HONDA Inoshiro

On est en 1999. Tous les monstres ont été placés sur une île surprotégée. Ils vivent paisiblement jusqu’au jour où de mystérieux rayons venant de l’espace, plus précisément, des Kilaacs, peuple extra terrestre. Les kilaacs prennent le contrôle des monstres et ceux-ci partent à l’attaque du monde entier. Godzilla se rend à New York, Rodan à Moscou, Gorosaurus à Paris et Mothra à Pékin. Après avoir tout détruit, ils se dirigent vers Tokyo où ils sont rejoints par Manda et Baragon. Un groupe d’astronautes de la navette SY3 parvient à détruire l’émetteur et les monstres sont ainsi libérés de l’emprise des Kilaacs. Le final se déroule au pied du mont Fuji. Tous les monstres terriens s’unissent pour venir à bout de Ghidora, le monstre à trois têtes dans un combat titanesque !
« Destroy all monsters » est le vingtième film de monstres de la Toho. On n’avait jamais vu autant de monstres réunis dans un seul film. Ce devait d’ailleurs être le denier film avec Godzilla. Mais comme on s’en doute, le lézard géant sera bien de retour un an plus tard dans « la Revanche de Godzilla ». C’est néanmoins une page d’histoire qui est tournée. Les films suivants, aux budgets toujours plus limités n’atteindront jamais le même résultat. 1969 marque aussi le retrait d’Honda dans la réalisation des films de Godzilla. Il ne retrouvera son personnage fétiche qu’en 1975 pour le dernier de la première série de films.

1969 « Godzilla's revenge » par HONDA Inoshiro

On pourrait qualifier ce film de « best of » . En effet, c’est à travers les rêves d’un jeune garçon que l’on revoit les meilleurs exploits de Godzilla. Et c’est grâce à ces exploits que le garçon ne tombera pas dans la délinquance ! Un seul combat inédit, celui de Godzilla contre Gabara. C’est un épisode mineur de la saga Godzilla.

1971 « Godzilla vs. Hedora » « Godzilla contre Hedora » par BANNO Yoshimitsu

Pour la première fois, la pollution est utilisée pour faire naître un monstre vraiment pas beau : Hedora. Se nourrissant des rebuts de notre civilisation, Hedora ne cesse de grossir et de prendre de la puissance. Il se met en tête de détruire le Japon et ne laisse derrière lui que des cadavres calcinés. Le jeune héros de l’histoire rêve que Godzilla va venir à la rescousse et c’est ce qui arrive !
C’est la première réalisation de Yoshimitsu Banno et c’est sans doute pourquoi il y a autant d’intrigues. L’atmosphère du film a quelque chose de surréaliste, surtout la scène dans la discothèque psychédélique…
Yoshimitsu Banno aimait tellement son nouveau monstre qu’il avait même écrit une suite, mais le producteur détestait le style de Banno et ne lui a plus jamais laissé diriger aucun film de monstre…

1972 « Earth Assault Order: Godzilla » « Godzilla contre Gigan » par FUKUDA Jun

Dans ce film, on mélange tout : le sujet écologique et l’invasion extra terrestre ! Les habitants d’une planète proche de la notre mais complètement dévastée par la pollution se verraient envahir notre petite Terre. Ils demandent de l’aide aux monstres spatiaux Ghidora et Gigan. Pendant ce temps, nos montres terriens, Godzilla et Anguillas se la coulent douce sur une île du Pacifique. Anguillas est le premier à aller se battre contre les envahisseurs, mais il revient vite chercher de l’aide auprès de Godzilla ! Les humains s’occupant des aliens, les monstres se battent tranquillement dans leur coin.
Les restrictions budgétaires se font encore sentir dans ce volet des aventures de Godzilla : Fukada réutilise de nombreuses scènes de combats entre les monstres, de mouvements militaires et de vues des villes provenant des autres films. Une façon facile et peu coûteuse de faire des films. Malheureusement ce procédé sera repris dans « Godzilla Vs. Megalon » l’année d’après.

1973 « Godzilla vs. Megalon » « Godzilla contre Mégalon » par FUKUDA Jun

La population de Seatopia, un pays souterrain, en a marre de la pollution et des essais nucléaires faits par les hommes. Ils décident donc d’envoyer Megalon pour détruire la race humaine. Il est aidé dans sa tache par Jet Jaguar, un androide créé par les humains, mais récupéré par les Seatopiens. Heureusement, Godzilla et ses acolytes sont là ! Mais les Seatopiens ne se laissent pas faire ! Ils appellent Gigan. Comme d’habitude, ça finit par une baston générale et la Terre est encore sauvée !

1974 « Godzilla vs. the Bionic Monster» « Godzilla contre MechaGodzilla » par FUKUDA Jun

Godzilla se réveille d’un petit somme et part à la découverte du Japon, détruisant tout sur son passage. Mais ce n’est pas le Godzilla que l’on connaît bien ! C’est en fait un cyborg envoyé par les forces extra terrestres ! Bien sûr, le vrai Godzilla surgit de nulle part et démontre que ce n’est qu’un double synthétique qui lui casse la figure ! Pendant que Godzilla se refait une petite santé, les envahisseurs réveillent King Seesar, censé protéger la Terre. Quand Godzilla est de nouveau sur pattes, il doit affronter deux terribles monstres !

1975 « The Escape of Mechagodzilla » « Méchagodzilla contre-attaque » par HONDA Inoshiro

A la recherche du monstre mécanique MechaGodzilla, un sous-marin est attaqué par une créature d'un genre nouveau, le Titanosaure. Un biologiste et un agent d'Interpol vont découvrir que ces 2 créatures sont sous le contrôle d'un scientifique misanthrope aux mains des extra-terrestres qui veut anéantir Tokyo. Mais Godzilla veille...


Godzilla traverse donc toutes les époques et paraît invulnérable. Il va pourtant faire un petit break et prendre des vacances méritées. En fait la franchise Godzilla reprendra 9 ans plus tard, en 1984 avec le film : Le retour de Godzilla. Mais ce film n’est pas la suite directe des films des années 70, c’est un retour aux sources. Tous les films qui vont suivre, de 1984 à 2003 sont en fait des remakes plus ou moins fidèles des films précédemment chroniqués. Nous n’allons donc pas vous les présenter. Sachez tout de même que Godzilla revient pour un ensemble de 12 films, fabriqués à l’ancienne et faisant perdurer toute une imagerie entrée dans l’histoire du cinéma. En 2003, Godzilla est toujours un personnage rituel et actuel, un vrai héros du Japon.

Par Emilie Boudeau et Nicolas Loubère

 

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