Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


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Full Contact

 

Ringo Lam
Ringo Lam fait partie des réalisateurs de Hong Kong ayant tenté leur chance sur le sol américain. Comme c’est la coutume, la case de départ s’appelle Jean Claude Van Damme. C’est sans doute Ringo Lam qui s’en est tiré le mieux. Alors qu’on ne retient rien des « Chasse à l’homme » de John Woo et « Double Team » de Tsui Hark, le « Risque Maximum » de Ringo Lam apparaît comme un bon petit polar sans envergure mais pas dénué d’intérêt. Récemment, on doit un autre essai hollywoodien transformé par Ringo, à savoir, l’honnête « Replicant ».

Mais Ringo Lam, à l’instar des autres cinéastes Hongkongais n’a jamais été dans ses chaussons outre Atlantique. En effet, ses meilleurs films ont été faits à Hong Kong. Entre autre, on peut citer « City on Fire » film culte mettant en scène le couple biblique de « The Killer » : Chow Yun Fat et Danny Lee. Le scénario vous le connaissez, c’est le même que celui de « Reservoir Dog » de Tarantino qui en est le remake. C’est l’histoire classique d’un flic infiltré ayant le cul entre deux chaises et qui doit faire des choix souvent douloureux, toujours irrévocables. A la différence de « Reservoir Dog », Ringo Lam s’appuie sur une mise en scène sans artifice, d’un réalisme viscéral. Comme le regretté Fukasaku, il s’adonne à dépeindre une réalité, celle des gangs, de la police, de la prison ou même de l’école puisqu’il signera aussi « School on Fire ».

Autre grand film : « Full Alert » avec l’excellent Lau Ching-Wan ou comment un flic torturé par ses démons intérieurs, au bout du rouleau doit faire face à un couple de criminels. Là encore, ne vous attendez pas à voir un film à la John Woo. Ici, dans « Full Alert » pas de gunfight spectaculaires, pas de mouvement de caméra démesurés, pas d’humour non plus, mais une réalisation simple, sobre mais diablement vrai. Ce sombre réalisme, ces personnages qui souffrent, ces réflexions psychologiques font de « Full Alert » un film rare, beau et proche du spectateur qui peut s’identifier plus facilement aux personnages.
« Full Alert » est presque un documentaire sur les bas-fonds d’Hong Kong. Tel un photographe de guerre, Ringo Lam dépeint un univers dans lequel l’humanité est en décomposition en l’absence totale de repères.

Mais Ringo Lam, fasciné par la société et par ses rouages s’est écarté en 1993 du droit chemin en signant « Full Contact » à ne pas confondre avec le film de Sheldon Lettich et Van Damme. Ce long métrage de 1993 casse tous les codes du cinéma de Ringo Lam et présente un Chow Yun Fat à contre emploi qui vous surprendra. « Full Contact » est un film crade , vulgaire et malsain. Une série B sévèrement burnée, complètement immorale et ambiguë.

Chow Yun Fat, le héro de « Tigre et dragon » et « The Killer » incarne Jeff, un videur de boite de nuit pas très catholique. Afin de régler les problèmes d’argent de son ami Sam, sa bande va s’allier avec une bande de tarés finis dominée par un homosexuel franc tireur et aussi composé d’une pute sans vertu et d’un espèce de gros bill crétin de

surcroît responsables aussi de la première scène du film.. Bien sûr, cette alliance de fortune, formée dans le but de faire un casse, va très vite exploser et les morts vont se ramasser à la pelle. S’il n’y avait pas Jeff et son amie, danseuse à la plastique superbe, rien ne raccrocherait le film à un semblant de morale. Car même si le personnage joué par Chow Yun Fat est un bourrin de base, il conserve certaines valeurs lui assurant une certaine légitimité.

Le film est d’une violence effarante, le sang y coule à flot, les démembrements y sont nombreux et les impacts de balles sont toujours montrés en gros plans. Ringo Lam s’est permis tous les excès, en commençant par la mise en scène et à la photographie du film qui font très comic book. Des mouvements de caméras subjectifs, suivant les balles à la manière d’un Nikita de Besson sont très bien foutus et les couleurs parfois très saturées confèrent à «Full Contact» un rythme et une
Chow Yun Fat

ambiance originaux à souhait. Ne parlons pas des dialogues qui font preuves d’une vulgarité sans précédent.

Les personnages évoluent dans un univers marécageux, outrancier et puant et y sont immergés jusqu’à la moelle. Tous les vices et les contre-valeurs de la société se sont donnés rendez-vous pour 100 minutes de délire visuel exacerbé dominé par un Chow Yun Fat parfait, à sa place et prouvant encore une fois qu’il n’est pas considéré comme l’un des meilleurs acteurs du monde pour rien.


La vision d’un tel film est justifiable d’une part parce que cet étalage de vulgarité est assumé par le réalisateur et son équipe et d’autre part parce que le film est vraiment jouissif et totalement nouveau. Bien sûr tout n’est pas à garder, on pouvait s’en douter avec une telle entreprise, comme par exemple l’espèce de romance entre Jeff et sa copine ou encore Jeff face à ses états d’ âme. Aussi, je crois bien avoir vu une croix gammée dans

le film… Reste un final bourré de testostérone, purement jouissif, digne des meilleurs buddy movie avec l’émergence du héros trônant sur sa moto.

« Full Contact » est un film rare allant à contre-courant du cinéma de son auteur mais qui renforce de ce fait toute sa filmographie. Ringo Lam propose une alternative à son style réaliste et démontre une aptitude à s’auto psychanalyser qu’on peut qualifier d’hors du commun. « Full Contact » n’est pas disponible en dvd zone 2 mais vous pouvez vous le procurer en import Hong Kongais zone 3 sous titré anglais ou encore en zone 1 usa. Sachez que la version de Hong Kong est uncut et que la qualité est au rendez-vous, en attendant une éventuelle sortie chez HK vidéo l’année prochaine.

Par Nicolas Loubère

 

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