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Ringo Lam fait partie
des réalisateurs de Hong Kong ayant tenté
leur chance sur le sol américain. Comme c’est
la coutume, la case de départ s’appelle Jean
Claude Van Damme. C’est sans doute Ringo Lam qui
s’en est tiré le mieux. Alors qu’on
ne retient rien des « Chasse à l’homme
» de John Woo et « Double Team » de
Tsui Hark, le « Risque Maximum » de Ringo
Lam apparaît comme un bon petit polar sans envergure
mais pas dénué d’intérêt.
Récemment, on doit un autre essai hollywoodien
transformé par Ringo, à savoir, l’honnête
« Replicant ». |
Mais Ringo Lam, à l’instar
des autres cinéastes Hongkongais n’a jamais été
dans ses chaussons outre Atlantique. En effet, ses meilleurs
films ont été faits à Hong Kong. Entre
autre, on peut citer « City on Fire » film culte
mettant en scène le couple biblique de « The Killer
» : Chow Yun Fat et Danny Lee. Le scénario vous
le connaissez, c’est le même que celui de «
Reservoir Dog » de Tarantino qui en est le remake. C’est
l’histoire classique d’un flic infiltré ayant
le cul entre deux chaises et qui doit faire des choix souvent
douloureux, toujours irrévocables. A la différence
de « Reservoir Dog », Ringo Lam s’appuie sur
une mise en scène sans artifice, d’un réalisme
viscéral. Comme le regretté Fukasaku, il s’adonne
à dépeindre une réalité, celle des
gangs, de la police, de la prison ou même de l’école
puisqu’il signera aussi « School on Fire ».
Autre grand film : « Full
Alert » avec l’excellent Lau Ching-Wan ou comment
un flic torturé par ses démons intérieurs,
au bout du rouleau doit faire face à un couple de criminels.
Là encore, ne vous attendez pas à voir un film
à la John Woo. Ici, dans « Full Alert » pas
de gunfight spectaculaires, pas de mouvement de caméra
démesurés, pas d’humour non plus, mais une
réalisation simple, sobre mais diablement vrai. Ce sombre
réalisme, ces personnages qui souffrent, ces réflexions
psychologiques font de « Full Alert » un film rare,
beau et proche du spectateur qui peut s’identifier plus
facilement aux personnages.
« Full Alert » est presque un documentaire sur les
bas-fonds d’Hong Kong. Tel un photographe de guerre, Ringo
Lam dépeint un univers dans lequel l’humanité
est en décomposition en l’absence totale de repères.
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Mais Ringo Lam, fasciné par la société
et par ses rouages s’est écarté
en 1993 du droit chemin en signant « Full Contact
» à ne pas confondre avec le film de Sheldon
Lettich et Van Damme. Ce long métrage de 1993
casse tous les codes du cinéma de Ringo Lam et
présente un Chow Yun Fat à contre emploi
qui vous surprendra. « Full Contact » est
un film crade , vulgaire et malsain. Une série
B sévèrement burnée, complètement
immorale et ambiguë.
Chow Yun Fat, le héro de « Tigre et dragon
» et « The Killer » incarne Jeff,
un videur de boite de nuit pas très catholique.
Afin de régler les problèmes d’argent
de son ami Sam, sa bande va s’allier avec une
bande de tarés finis dominée par un homosexuel
franc tireur et aussi composé d’une pute
sans vertu et d’un espèce de gros bill
crétin de
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surcroît responsables
aussi de la première scène du film.. Bien
sûr, cette alliance de fortune, formée dans
le but de faire un casse, va très vite exploser
et les morts vont se ramasser à la pelle. S’il
n’y avait pas Jeff et son amie, danseuse à
la plastique superbe, rien ne raccrocherait le film à
un semblant de morale. Car même si le personnage
joué par Chow Yun Fat est un bourrin de base, il
conserve certaines valeurs lui assurant une certaine légitimité. |
Le film est d’une
violence effarante, le sang y coule à flot, les
démembrements y sont nombreux et les impacts de
balles sont toujours montrés en gros plans. Ringo
Lam s’est permis tous les excès, en commençant
par la mise en scène et à la photographie
du film qui font très comic book. Des mouvements
de caméras subjectifs, suivant les balles à
la manière d’un Nikita de Besson sont très
bien foutus et les couleurs parfois très saturées
confèrent à «Full Contact» un
rythme et une |
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ambiance originaux à souhait.
Ne parlons pas des dialogues qui font preuves d’une
vulgarité sans précédent.
Les personnages évoluent dans un univers marécageux,
outrancier et puant et y sont immergés jusqu’à
la moelle. Tous les vices et les contre-valeurs de la
société se sont donnés rendez-vous
pour 100 minutes de délire visuel exacerbé
dominé par un Chow Yun Fat parfait, à sa
place et prouvant encore une fois qu’il n’est
pas considéré comme l’un des meilleurs
acteurs du monde pour rien. |
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La vision d’un
tel film est justifiable d’une part parce que cet
étalage de vulgarité est assumé par
le réalisateur et son équipe et d’autre
part parce que le film est vraiment jouissif et totalement
nouveau. Bien sûr tout n’est pas à
garder, on pouvait s’en douter avec une telle entreprise,
comme par exemple l’espèce de romance entre
Jeff et sa copine ou encore Jeff face à ses états
d’ âme. Aussi, je crois bien avoir vu une
croix gammée dans |
le film… Reste
un final bourré de testostérone, purement
jouissif, digne des meilleurs buddy movie avec l’émergence
du héros trônant sur sa moto.
« Full Contact » est un film
rare allant à contre-courant du cinéma de
son auteur mais qui renforce de ce fait toute sa filmographie.
Ringo Lam propose une alternative à son style réaliste
et démontre une aptitude à s’auto
psychanalyser qu’on peut qualifier d’hors
du commun. « Full Contact » n’est pas
disponible en dvd zone 2 mais vous pouvez vous le procurer
en import Hong Kongais zone 3 sous titré anglais
ou encore en zone 1 usa. Sachez que la version de Hong
Kong est uncut et que la qualité est au rendez-vous,
en attendant une éventuelle sortie chez HK vidéo
l’année prochaine. |
Par Nicolas Loubère
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