Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


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Kill Bil vol.1

 

Après s’être réapproprié le scénario de « City on Fire », film HongKongais de Ringo Lam à l’occasion de « Reservoir Dogs » puis s’être attaqué au polar avec virtuosité lors du palmé « Pulp Fiction », on pensait que Quentin Tarentino s’était assagi à la vision de son très bon « Jackie Brown », hommage à la Blacksploitation. C’est faux. « Kill Bill Volume 1 » est un concentré de fureur, de sang et de combats de sabres gores mâtinés d’une dose de comique de situation. « Kill Bill » ou l’histoire de la vengeance d’une blonde laissée pour morte par un gang dont elle faisait partie ; gang dirigé par Bill, un être dépourvu de sentiment de culpabilité. Dans « Kill Bill 1 », on ne voit presque pas Bill, en tout cas jamais son visage, on entend juste sa voix. C’est juste, pour l’instant un nom. Un nom placé tout en bas d’une liste de personnes à tuer. La dernière étape : ce sera Bill.

Le film est conçu comme un puzzle ; flash-back, scènes croisées, le monteur de talent qu’est Tarantino est bien de retour. « Kill Bill 1 » est un vibrant hommage au film de sabre japonais : le chambara. D’ailleurs, plus de la moitié de film se passe au Japon et plus d’un acteur sur deux parle japonais. A commencer par Uma Thurman, parfaite dans le rôle de la femme blessée qui se venge sans états d’âme ou presque. Son personnage interprété avec brio tient le film sur ses épaules ;
dotée d’un charme fou, elle n’a aucun mal à convaincre le spectateur prêt à la suivre dans les méandres du mal. L’opposition entre le bien et le mal n’existe pas dans « Kill Bill », le mal a décidé de faire cavalier seul.

On n'en apprend pas beaucoup sur l’histoire, seules quelques bribes, quelques mots ou quelques pistes. En fait Tarantino a choisi de mettre l’accent sur les personnages plutôt que sur l’histoire en tant que telle. Les portraits sont multiples et le monologue de l’héroïne sert de lien. « Kill Bill Volume 1 » est construit comme un jeu vidéo, comme un beat them all, comprenez « battez-les tous » avec des sous fifres, des demi boss et un boss final à abattre. Lucy Liu femme meurtrie, à la tête d’une puissante organisation ayant la main mise sur Tokyo est un des demi boss à atteindre. Une grosse partie du film lui est dédiée. Son personnage est entouré par une cohorte de combattants présentés d’une excellente manière avec texte et surnom en plein milieu de l’écran de ciné à l’appui. Une présentation qui leur confère un charisme immédiat. Il y a la Française, ancienne égérie de Bill, l’étudiante tarée parachutée du « Battle Royale » de feu Fukasaku et une flopée d’autres personnalités.

Des habituels dialogues tarantinesques aux bastons gores dans lesquelles les corps sont démembrés avec une joie communicative, il n’y a qu’un pas. Tarantino réussit un amalgame osé sans trahir ou parodier les modèles qu’il s’est choisis. Modèles à foison : du Kurosawa, du Fukasaku, du Bruce Lee, du « Baby Cart », du « Lady Snowblood », du wu xia pan, du Sergio Leone, du manga d’animation… Tarantino se positionne en véritable chef d’orchestre et fait preuve d’une faculté innée à assembler tout ça en 2H de film. La réussite de ce challenge réside dans le fait que « Kill Bill » ne rentre à aucun moment en concurrence avec tous ses illustres modèles. Le spectateur est à 100% immergé dans un film de Tarantino. On se sent bien dans « Kill Bill », tellement bien qu’on traîne la patte lorsque la salle de cinéma s’éclaircit, diable pourquoi le film est-il coupé en deux ? Pourquoi, aussi, la grande scène de sabre du long-métrage décide d’un coup de se la jouer en noir et blanc ? Si certaines idées, comme l’instauration d’une séquence conçue en
dessin animé japonais relatant la jeunesse du personnage de Lucy Liu est concevable de part son audace, certains choix sont plus contestables.

OUI, « Kill Bill Volume 1 » est réussi, OUI il faut aller le voir, OUI les musiques souvent décalées (comme toujours chez Tarentino) concourent à créer une alchimie parfois jouissive, OUI les combats sont bien foutus avec une abondance généreuse d’hémoglobine. Mais NON, « Kill Bill » n’est pas, ou pas encore (volume 2 oblige) la grosse baffe dans la gueule comme l’affirment certains médias. Il ne remet pas en cause la viabilité des films dont il s’inspire.
On est juste en présence d’un réalisateur qui fait ce qu'il veut, qui trace sa route dans un cinéma qu’il s’est créé. Il n’est pas non plus un copieur comme on pouvait le craindre après la bande annonce. Le 4ème film de Tarantino mérite un peu de votre temps, parce qu’il le vaut bien.

Par Nicolas Loubère

 

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