Nintendo est né en 1889,
la société s’appelait Nintendo Koppaï
qui signifie : « laissons les dieux en décider
». Mais, vous vous en doutez déjà, Nintendo
ne fabriquait pas de jeux vidéo en 1889, juste des cartes
à jouer, les Hanafunda. Ces cartes familiales connurent
un succès retentissant grâce notamment aux Yakusas
qui se les arrachaient. La demande était énorme,
ce fut donc une réussite. Le Big Boss de Nintendo se
nommait Fusajiro Yamauchi, il signa en 1907 un partenariat avec
la Japan Tabacco et le Salt Public Corporation pour s’ouvrir
à l’étranger. 22 ans plus tard, Yamauchi
prit sa retraite et confia les clefs de l’entreprise à
son gendre.
Ce dernier participa activement
à l’enrichissement de la firme et la renomma :
Yamauchi Nintendo and Co. En 1949, l’entreprise change
encore de main et c’est le petit fils de Yamauchi qui
devient alors le grand patron de Nintendo. Deux ans plus tard
la société s’appelait Nintendo Playing Cards
Co Ltd. Continuant la politique du partenariat, Hiroshi Yamauchi
signa avec Disney et réalisa une série de cartes
à l’effigie des héros du géant Américain,
le succès fut énorme grâce à un marketing
féroce. Cet accord fut signé en 1959. 3ans après,
la firme était cotée en bourse et l’entreprise
revêtit son nom actuel : Nintendo Co Ltd.
Nintendo diversifia son catalogue
et se mit à créer des nouveaux produits tels le
riz à cuisson rapide, des Loves hôtels ou encore
une compagnie de taxis. Dans les années 70, Nintendo
se rapprocha des enfants en fabricant des jouets. Les étalages
japonais virent l’apparition du Beam Gun crée par
Gunpeï Yokoi, puis l’Ultra hand, une main électronique,
l’Ultra machine, le Love Tester et le Laser clay shooting.
Les ventes durèrent près de trois ans, jusqu’en
1973. 1973 ou l’arrivée de Pong sur le marché
américain. Yamauchi décida alors que Nintendo
se devait d’entrer de plein pied dans le marché
du jeu vidéo. Après une association avec le constructeur
Magnavox, Nintendo distribua une console nommée l’Odyssée
mais la firme voulut vite créer sa propre machine.
En 1977, en partenariat avec
Mitsubishi, Nintendo sortit sa première console de jeu,
la Color Tv Game 6. 6 pour 6 variantes de Pong. Le succès
fut au rendez-vous et l’année suivante, une nouvelle
version, la Color Tv Game 15 était commercialisée.
Le début des années 80 était marqué
par l’avènement des montres à quartz et
des gadgets électronique, Gupeï Yokoi, eut alors
l’idée de créer le Game and Watch qui cumulait
les fonctionnalités d’une montre et celles d’un
jeu vidéo. La réussite de ce nouveau produit fut
colossale et Yamauchi demanda à ses ingénieurs
de redoubler d’efforts. Shigeru Myiamoto montra vite le
bout de son nez et inventa Donkey Kong starring Mario.
Tout d’abord, Nintendo
resta sceptique quand au potentiel de Donkey Kong mais les Game
and Watch se vendirent comme des petits pains. Atari et Coleco
durent aligner les Dollars pour que le célèbre
singe Donkey face une apparition sur leurs machines respectives.
Les consoles de l’époque ne marchaient pas super
bien au niveau des ventes et Yamauchi décida que la nouvelle
console e Nintendo devait coûter moins de 9800 yens soit
75 dollars. Ainsi la Famicom sortit en 1983 également
connue sous l’abréviation NES. Mais 1984 fut décisif
pour le marché des consoles car l’arrivée
des premiers ordinateurs familiaux à des prix très
compétitifs a été fatal pour toutes les
consoles de l’époque, toute sauf une : la NES de
Nintendo qui resta alors seule sur le marché.
Les techniques commerciales de
Nintendo permirent à la firme de vendre beaucoup de consoles
en privilégiant la vente des cartouches de jeux. Ainsi
Nintendo ne gagnait pas d’argent sur les machines mais
faisait son bénéfice grâce aux jeux. C’est
encore le cas aujourd’hui, Sony par exemple perd de l’argent
chaque fois qu’il vend une Playstation 2. En deux mois,
Nintendo vendit 500 000 Famicom au Japon. La société
créa le label qualité Nintendo, ce qui empêcha
la prolifération de jeux ratés et fidélisa
le client. Ils sont décidément très fort
chez Nintendo. De plus, les éditeurs qui voulaient obtenir
le fameux label de qualité avaient l’interdiction
de proposer leurs jeux à la concurrence. Ainsi, Nintendo
avait l’exclusivité de tous les bons jeux du moments.
En Arcade, Nintendo lança
le jeu Mario Bros qui connut rapidement un grand succès,
assez pour qu’il devienne la mascotte de Nintendo Co Ltd.
Sega, l’unique vrai concurrent de la firme du plombier
sortit la Sega Master System en 1987, cette console plus puissante
que la NES, dotée d’une ludothèque intéressante
ne parvint pas à détrôner la NES trop bien
implantée et la déferlante Super Mario Bros. Shigeru
Myiamoto, après avoir donné naissance à
Donkey Kong et Mario inventa Zelda qui fut le premier jeu vendu
seul à atteindre le million d’exemplaires vendus.
Nous sommes alors en 1988 et tout va bien pour Nintendo et ce
n’est qu’un début.
Le créateur du Game and
Watch, Gunpeï Yokoi refait parler de lui en imaginant le
Game Boy, la première console portable de l’histoire
des jeux vidéo. Parallèlement, un russe génial
créa Tetris la même année. Nintendo racheta
les droits et lança le Game Boy + Tetris et ce fut un
succès foudroyant, Nintendo adapta Tetris sur la NES
un peu plus tard. Cette année là, le marché
du jeu vidéo rapporta plus d’un milliard de dollars
de recettes dont 85% pour Nintendo, 1 foyer japonais sur 3 possédait
une NES. La concurrence se fit alors plus nerveuse avec NEC,
Atari mais surtout Sega et sa Megadrive, véritable machine
de guerre reléguant les capacités techniques de
la NES loin derrière.
1 an après la sortie de
la console de Sega qui se vendit super bien, surtout sur le
sol américain, Nintendo contre attaqua avec la super
Famicom console 16 bits et légèrement plus puissante
que la console de Sega. Plus chère que la NES, cette
dernière ne remporta pas un succès immédiat
mais Nintendo ne s’en préoccupa guère puisque
la NES et le Game Boy continuaient à se vendre remarquablement
bien. Nintendo pensa équiper la Super Famicom d’un
lecteur Cd rom et en parla à Sony. Le projet répondait
au doux nom de Super Nintendo Play Station. C’est en 1992
que la Super Nintendo fut lancée en Europe et la guerre
des consoles fit rage car la Megadrive de Sega se vendait aussi
très bien.
La bataille des consoles 16 bits
était dominée par Nintendo sur le sol Japonais,
assez nettement, ailleurs c’était plus relatif
mais la Super Nintendo finit par s’imposer face à
la Megadrive grâce à un technicité supérieure
et son fameux Mode 7 qui donna au joueur l’illusion de
la 3d, une formidable trouvaille qui permit à la Super
Nintendo d’accueillir F zero, jeu légendaire puis
Super Mario Kart et Street Racer. La console 16 bits de Nintendo
ouvrit la porte à Capcom et son Street Fighter 2 qui
fit un raz de marais commercial. Les bons jeux se succédèrent
à un rythme fou, on peut citer Zelda 3, Super Mario World,
Axelay, Mortal Kombat 2, Yoshi Island et surtout Star Wing utilisant
un chip spécial inclus dans la cartouche, le Super FX,
permettant à la console d’afficher de la 3d polygonale,
une révolution.
Un peu plus tard Donkey Kong
fit son come back dans un jeu de plates formes aux graphismes
hallucinants de beauté et d’inventivité,
Donkey Kong Country reste encore aujourd’hui une référence.
On n’oubliera pas non plus les jeux de rôle Final
Fantasy et Dragon Quest qui étaient des réussites
qualitatives et financières sans précédent.
A cette époque, Nintendo était la firme japonaise
ayant le plus gros chiffre d’affaire, devant des entreprises
comme Toyota. Elle possédait 90% du marché Nippon
et 75% du marché du reste du monde. Après la déconfiture
du Mega Cd de Sega, Nintendo abandonna l’idée du
lecteur Cd Rom et annonça le projet Réality 64
battit sur une technologie 64 bits dédiée aux
jeux en 3d.
Une console 64 bits était
alors prévu pour 1995. Le super Game Boy permettant aux
possesseurs de Game Boy d’utiliser ses jeux sur la super
Nintendo et de ce fait y jouer sur la télé fit
son apparition étoffant de ce fait la ludothèque
déjà très fournie de la 16 bits de Nintendo.
Suivirent le Gateway System pour le jeu dans les avions de ligne
puis le Virtual Boy sorte de console de réalité
virtuelle qui ne fit pas date et se révéla être
un échec commercial. Les consoles 32 bits allaient envahir
le marché du jeu vidéo et Nintendo continuait
à travailler sur le projet Réality 64 renommé
Ultra 64 et prévu pour une sortie en Avril 1996. Les
premières armes de cette technologie 64 bits eurent lieu
dans les salles d’arcade avec les célèbres
Killer Instinct de Rare et Cruis’n Usa.
Les premiers jeux présentés
étaient alléchant mais les développeurs
se montrèrent réticent quand au support cartouche
choisi par Nintendo pour lutter contre le piratage. Pour faire
taire les ralleurs, Yamauchi promit la future sortie d’un
lecteur Cd Rom qui ne vit jamais le jour. L’Ultra 64 devint
la Nintendo 64 mais sa sortie était toujours repoussée
jusqu’à une date inconnue, pendant ce temps la
Playstation de Sony remportait tous les suffrages devant une
Saturn de Sega en petite forme. Gunpeï Yokoi, figure mythique
de la firme du plombier démissionna après l’échec
de son Virtual Boy. Square Soft responsable de 6 épisodes
de Final Fantasy sur consoles Nintendo passe à l’ennemi
et signe avec Sony pour le développement de Final Fantasy
7. Un coup dur pour Nintendo qui commence à se poser
des questions.
La Nintendo 64 sortit en 1996
et remporta un beau petit succès, elle fut élue
jouet de l’année aux Etats-Unis et elle souffla
la seconde place à la Sega Saturn. Nintendo rassuré,
lança une version plus compact du Game Boy appelée
Game Boy Pocket. La 64 bits de Nintendo arrive en Europe en
Mars 1997. Au Japon, Pocket Monster sort sur Game Boy. Pocket
Monster, c’est Pokémon et le jeu se vendit 2 fois
plus que le Final Fantasy 7 de la Playstation. Nintendo triomphe
et les produits dérivés envahissent le monde entier
et font de Pokémon une incroyable mécanique commerciale
qui rapporte énormément à Nintendo qui
avait vraiment besoin d’un coup de main pour lutter contre
Sony. Le Game Boy explose à nouveau et occulte complètement
la pauvre Nintendo 64 qui déçoit vite ne présentant
qu’un faible nombre de jeux intéressants.
Cette console est perçue
comme un jouet pour les enfants et les ventes, pas catastrophiques
sont en deçà des espérances de Nintendo.
La Playstation apparaît comme plus mature avec des jeux
comme Tekken ou Resident Evil. Nintendo se traîne des
casseroles indéboulonnables et perd du terrain face à
Sony qui demeure le leader incontesté de la console de
salon. Nintendo est donc sauvé par les Pokémons
qui ont relancé le Game Boy qui évolue en Game
Boy Color. Aujourd’hui, Nintendo propose 2 consoles phares
: Le Game Boy Advance qui caracole en tête des ventes
de consoles au Japon, console portable 32 bits plus puissante
qu’une Super Nintendo et le Game Cube qui tarde à
trouver son public. Cette console de taille compacte lisant
des mini-dvd souffre d’un manque cruel de jeux et de la
mauvaise réputation de sa grande sœur la Nintendo
64.
Nintendo a du mal à imposer
le Game Cube et à se démarquer de l’image
enfantine qui lui colle à la peau. C’est pour casser
ce constat que Nintendo s’est adjugé les droits
exclusifs de la série des Resident Evil de Capcom, le
problème c’est que les ventes des jeux de cette
série culte ne sont plus aussi bonnes que lors de sa
création en 1995. Le Cube de Nintendo livre bataille
avec la X-box de Microsoft mais ne peut même pas chatouiller
la suprématie de la Playstation 2 pourtant moins puissantes
que ses 2 adversaires mais proposant au joueur un catalogue
de jeux impressionnant. Ce constat est sans équivoque
et on voit mal comment Nintendo va pouvoir détrôner
Sony sur le marché des consoles de salon. Ce printemps,
Nintendo lance le Game Boy Advance Sp à l’assaut
du marché pour redonner du tonus au Game Boy Advance
qui n’en avait pas vraiment besoin. Reste une console
plus compact, plus design disposant enfin d’un écran
éclairé.
Le Game Boy Sp est attendu pour
Avril en Europe, plus tard, sortira le Game Player qui permettra
à l’instar du Super Game Boy, de jouer aux jeux
Game Boy et Game Boy Advance sur sa télévision
via le Game Cube. Nintendo est aujourd’hui une société
bien assise mais le leadership d’antan n’est plus
d’actualité car Sony règne en maître
sur le marché de la console de salon. Sans les Pokémons,
Nintendo connaîtrait un peu les déboires qui ont
provoqué le triste retrait de Sega du marché du
Hardware. Ce qui fait la réussite de Nintendo, c’est
avant tout son savoir faire et sa charte de qualité alliée
à un marketing éclairé et agressif. Nintendo
c’est un peu le Disney du jeu vidéo, c’est
à dire la figure la plus emblématique du secteur
mais aussi la plus critiquée.
Par Nicolas Loubère