Yu Suzuki, va bientôt entrer
au panthéon des créateurs de jeu vidéo.
Le D.I.C.E Submit qui se tiendra le 27 Février prochain
à Los Angeles verra l’Académie des Arts
et des Sciences Interactifs (AIAS) inscrire le japonais Yu Suzuki
à son panthéon. Il succédera à Shigeru
Myamoto ( Mario, Donkey Kong, Zelda…), Sid Meier ( Civilisation…),
Hironobu Sokaguchi ( Final Fantasy…), John Cormack (Doom,
Quake…) et à Will Wright auteur de Sim City. Mais
qui est ce Yu Suzuki ?
Yu Suzuki est né le 10
Mai 1958 dans la ville d’Iwate. Après des études
le menant dans le secteur de l’électronique à
l’Université Scientifique d’ Okayama, il
est vite repéré par Sega qui devine en lui un
fort potentiel créatif et décide de l’engager.
Yu Suzuki deviendra par la suite le Myamoto de Sega. Un an après
son embauche au sein de la firme japonaise Sega, Yu Suzuki programme
et produit un jeu de course de moto : Hang On. Ce grand classique
de l’arcade a marqué son époque et représentait
alors une petite révolution. Le joueur prenait place
sur une moto équipée d’un écran.
Plus tard et il en sera ainsi pour tous les jeux de Yu Suzuki,
Hang On sera adapté sur Master System et Megadrive.
Un peu plus d’un an plus
tard, Suzuki créa Space Harrier qui deviendra vite un
jeu culte auquel on attend encore une suite. Ce Shoot them up
propose des graphismes en 3d défilant à toute
vitesse et un univers de jeu très original. Le meuble
arcade était motorisé et bougeait dans toutes
les directions. En Septembre 1986, Yu Suzuki revient en force
avec Out Run, une simulation automobile ressemblant un peu à
Hang On et permettait de piloter une Ferrari Testarossa décapotable,
la classe ! ! Un an après, After Burner voit le jour
dans un jeu révolutionnaire propulsant le joueur aux
commandes d’un véritable avion de chasse confronté
à une horde d’ennemis, nouveau grand classique.
Yu Suzuki ne cesse de redéfinir
les règles de l’Arcade avec les sorties successives
de Power Drift, G-Lock et R-360, 3ème simulation de combat
du maître. Mais c’est en 1992 que Yu Suzuki va bouleverser
à jamais le monde du jeu vidéo en créant
le premier jeu de voiture, en l’occurrence des F1, tout
en 3d polygonale. Virtua Racing est né en Août
1992. Le 3d CG Model 1 est le nouveau moteur 3d qui a permit
à Yu Suzuki de programmer cette petite merveille qui
fera date. Toutes les simulations de courses d’aujourd’hui
doivent beaucoup à ce jeu qui inventa à peu près
tous les codes du genre comme la possibilité de changer
de vue en cours de partie. Jamais un jeu de course n’avait
été aussi réaliste.
Non content d’avoir tout
simplement révolutionner la course automobile, Yu Suzuki
crée en Décembre 1993 le premier jeu de baston
en 3d et continue à faire évoluer le jeu vidéo
en profondeur. Virtua Fighter propose 8 personnages pratiquant
chacun un style martial différent. Les mouvements et
les prises gagnent en réalisme par rapport aux jeux vidéos
2d de l’époque dominés par Street Fighter,
Fatal Fury et Mortal Kombat. Depuis 1993, Virtua Fighter va
être, à mainte reprise, copié et pillé
par ses concurrents tels Tekken ou Dead or Alive. Dés
lors Yu Suzuki n’aura de cesse de vouloir améliorer
son jeu et travaillera donc sur Virtua Fighter en 1994 grâce
à une nouvelle carte arcade, le Model 2. Le jeu propose
alors des combattants et des décors texturés et
l’ensemble gagne en réalisme jusqu’à
l’arrivée de Virtua Fighter 3 en 1996 développé
sur carte arcade Model 3.
Les graphismes sont d’une
qualité renversante et laissent la concurrence à
quelques encablures. Une version améliorée, nommée
T.B sortira en 1997 permettant des combats en équipe.
Deux ans plus tard, Yu Suzuki décide d’effectuer
un retour aux sources en programmant une nouvelle simulation
de courses automobiles : le très beau Ferrari F355 Challenge.
Ce nouveau jeu est une réussite technique irréprochable
mais la prise en main est délicate. L’ambiance
graphique est très réaliste et la conversion Dreamcast
devient vite une des références du genre. Encore
un grand jeu de Yu Suzuki qui ne connaît toujours pas
ce que peut être un échec. Les fans de la firme
au cheval cabré se doivent de posséder se jeu
qui rend un bel hommage aux monstres mécaniques italiens.
La même année, Yu
Suzuki se lance à l’abordage du marché du
jeu d’avanture avec un premier essai magistral : Shenmue.
Ce jeu repousse toutes les limites et propose d’innombrables
idées. Jamais un jeu n’avait offert tant de possibilités
d’interaction avec le décors et les lieux fréquentés
par le héros de l’histoire. La gestion du temps
est elle aussi inédite et la Dreamcast triomphe tant
ce jeu est un chef d’œuvre d’originalité
et de jouabilité. Yu Suzuki est élevé au
rang de monstre sacré du jeu vidéo. Suivra Shenmue
2, tout aussi réussi qui sera le dernier jeu du maître
sur une console Sega puisque la production de Dreamcast s’arrête
en 2002.
Yu Suzuki a toujours bénéficié
d’un studio développement à la pointe de
la technologie : l’AM2 ou le Sega-AM2. Ce studio est en
fait le second département de Sega. Le 3ème étant
plus connu sous le nom Hitmaker et à qui l’on doit
le génial Virtua Tennis et sa suite. Yu Suzuki est le
directeur, représentant technique et manager général
de Sega-AM2. Ce studio est un géant de l’Arcade
et reste le leader incontesté du milieu. Outre les jeux
précédemment cités, Sega-AM2 est aussi
responsable de jeux comme Daytona USA 1 et 2, Fighting Vipers
ou encore Scud Race. Sega-AM2 est né en 1983, Hang On
fût sa première production, et reste indépendant
de Sega et totalement libre au niveau de la création.
Aujourd’hui, ce département
qui fit de Sega le n°1 de l’Arcade se concentre sur
le marché florissant des consoles 128 bits avec des développements
multi-systèmes. Yu Suzuki et son studio de production
sont responsables de Virtua Fighter 4 Arcade mais aussi de son
adaptation Playstation 2. Il sont aussi les créateurs
de Beach Spikers, sortit récemment sur Nintendo Game
Cube, de Shenmue sur Xbox et de Ferrari F355 sur PS2 qui souffre
cependant d’une réalisation en deçà
de son homologue Dreamcast. Sega-AM2 est présidé
par Husuhi Suzuki, emploie 200 salariés et s’apprête
à fêter ses 20 ans cette année. Il apparaît
normal que le Panthéon du jeu vidéo accueille
Yu Suzuki qui n’a jamais cessé de révolutionner
le monde vidéoludique et qui continue d’imaginer
des jeux de plus en plus réalistes jusqu’à
l’avènement futur de la réalité virtuelle,
véritable Avalon d’un secteur en perpétuelle
mutation. Chapeau bas Mr Suzuki.
Par Nicolas Loubère