Sega c’est plus fort que
toi. Ce slogan est connu de tous, même de ceux qui ignorent
le monde du jeu-vidéo.
Sega c’est plus fort que toi mais malheureusement moins
fort que Sony et Nintendo. Moins fort car Sega a toujours cherché
à innover tandis que les autres se contentaient de surfer
sur la vague bleue. Moins fort car Sega a commis de grosses
erreurs. Moins fort, enfin parce que Sega est aujourd’hui
évincé de la guerre des consoles. Mais Sega n’est
pas mort et peut toujours se targuer d’être plus
fort que toi car la firme est devenue l’un des plus gros
concepteurs de jeux-vidéos multi consoles et reste le
leader du marché de l’Arcade. Le savoir faire a
un nom, il est fait de quatre lettres, quatre lettres bleues.
Un « S » pour sérieux, un « E »
pour élégance, un « G » pour géant
déchu et un « A » comme audacieux, Sega ou
le jeu-vidéo passion. Lors de ce dossier, nous reviendrons
sur l’historique de la firme et sur les jeux qui restent
encore aujourd’hui des références incontestées.
Ce dossier a été réalisé grâce
à l’érudition de deux sites Internet qui
sont : www.indemag.com et www.zonesega.com .
Sega a été fondé
en 1954 par un américain, et oui ! !, David Rosen. Service
Games est le nom de la société. Au départ,
celle-ci se concentre surtout sur les machines destinées
aux bars comme les Juke-box ou les flippers. Ce sont surtout
les militaires américains qui s’en divertissent
dans leurs bases. David Rosen décida d’exporter
quelques machines dans les nombreuses bases installées
au Japon. Service Games connaîtra vite le succès,
dès 1965, la société est en mesure de créer
ses propres machines. Les employés japonais n’arrivant
pas bien à prononcer Service Games, ils prirent l’habitude
d’utiliser le diminutif « Sega ». David Rosen
s’en rendra vite compte et c’est ainsi que Sega
vit le jour.
En 1960, les premiers jeux-vidéos
naquirent et Sega créa un premier jeu en 1966, à
savoir : The Periscope, une espèce de bataille navale.
Le succès était au rendez-vous et les japonais
se sont vite pris au jeu. Sega, en 1972 fusionne avec Gulf and
Western, cette alliance permit à Rosen de poursuivre
sa politique de développement et de commercialisation
de jeux d’Arcade. Rosen chercha un remplaçant vers
la fin des seventies et le trouva en la personne de Hayao Nakayama
qui était, à l’époque, son meilleur
client. En 1983, Sega ne cesse de redéfinir le jeu-vidéo
en profondeur en créant un jeu 3.D comme Sub-Rock 3D
ou en utilisant le disque laser et des scènes vidéos
animées comme dans Astron Belt.
Mais, 1983 est surtout l’année
pendant laquelle Sega crée sa première console,
la SG-1000 qui évoluera par la suite en SG-1000 MARK2
et SG-1000 MARK3. L’échec des consoles américaines
Colécovision ou Vectrex aux Etats-Unis, pousse Sega a
ne sortir leur nouvelle console que sur le sol japonais, là
où la demande est réelle. 1 an après le
lancement de la SG-1000, Sega se lance dans la micro-informatique
avec le SG-3000. Les deux machines partagent la même architecture
et la même électronique. Le SG-3000 se voit enrichi
d’un clavier, le SK-1100, les jeux sont les mêmes,
on retrouve Simbad Mystery, Congo Bongo entre autres. Mais le
SG-3000 offrait surtout la possibilité aux débutants
de programmer en Basic permettant une prog graphique et sonore.
Plus tard le SG-3000 H verra le jour mais Sega n’ira pas
plus loin dans la micro-informatique.
Après des conflits internes,
Sega devient Sega Interprise Ltd. Nakayama est le patron de
Sega Japan tandis que David Rosen dirige Sega of America. En
1986, la Bourse de Tokyo
accueille Sega pour la première fois. Toujours en 1986,
Sega rebaptise sa SC-1000 MARK3 en Master System pour contrer
la NES de Nintendo. Au Japon, c’est un succès mais
pas aux Etats-Unis. Pourquoi ? La faute à Nintendo qui
baisse le prix de la NES puis augmente celui des cartouches
de jeux. La NES est en plein boom et on compte beaucoup d’unités
vendues. A la fin de l’année Nintendo occupe 90%
du marché Américain du jeu vidéo familial
de loisir contre 10% alloué à Sega et à
sa Master System. En Europe, là où Nintendo n’est
pas trop présent, la console de Sega marche davantage
et représente 30% de parts de marché en 1987.
Sega fait des erreurs de marketing
assez importantes. Ainsi, en sortant uniquement des jeux estampillés
Sega, la Master System passe à côté de nombreux
hits comme Final Fantasy que Nintendo est bien content de récupérer
et signe une exclusivité de 10 ans avec Square Soft.
De plus, il manque à Sega une véritable mascotte
; alors que Mario, le plombier moustachu bat des records de
vente, Alex Kid de Sega marque le pas et ne trouve pas le public
escompté. Si l’entrée dans la guerre des
consoles de la firme de David Rosen n’est pas un échec
total, la suprématie de Nintendo, surtout aux Etats-Unis
fait peur mais la Master System tire son épingle du jeu
avec une puissance supérieure à la NES et des
jeux de grande qualité, tels Phantasy Star ou Shinobi.
Compte tenu du fait que Sega
ait sortit sa console après son concurrent, Nintendo
aurait dû être le premier à proposer une
nouvelle machine mais, la firme du plombier ayant les reins
solides grâce au succès de la NES n’avait
aucun intérêt à se lancer dans le monde
des consoles 16bits avant Sega. En 1988, Sega innove en proposant
au public japonais, la Megadrive, une console esthétiquement
très belle, toute noire et racée. Les caractéristiques
techniques sont épatantes mais la NES de Nintendo, moins
chère et très implantée ne se fait pas
dévorer, ni même manger pour autant. La Megadrive
peine à se faire une place au soleil.
En 1989, Sega se lance à
l’assaut des Etats-Unis où tout reste à
faire. Grâce à des publicités agressives
et à un trè bon marketing fondé sur le
célèbre « Sega c’est plus fort que
toi », la Megadrive ( appelée Genesis outre-Atlantique
) décolle, s’envole et devient très vite
incontournable. Sega y adapte tous ses succès de l’Arcade
et toutes les réussites de la Master System, les jeux
sont beaux, graphiquement aboutis, seule ombre au tableau :
le son n’est pas terrible ce qui ne rend pas hommage aux
superbes compositions de Yuzo Koshiro par exemple. D'ailleurs,
Revenge of Shinobi fait un tabac et la console s’ouvre
aux éditeurs tiers comme Virgin qui sort de superbes
jeux : Global Gladiators, Cool Spot ou Aladdin.
Mais Mario reste indétronable,
alors Sega, en 1991 lance Sonic à l’abordage du
jeu-vidéo. Sonic est né à la suite d’une
compétition interne chez Sega. Les programmeurs découvrirent
le moyen de réaliser un scrolling ( défilement
de l’écran ) ultra rapide sur Megadrive. Sega adopte
alors l’idée de faire le jeu de plate-forme le
plus rapide jamais réalisé. Oshima San dessine
alors Sonic, le hérisson bleu, le plus speedé
du monde ! Lors de la sortie du jeu en 1991, les ventes de megadrive
américaines ont explosé, Sega venait de trouver
sa mascotte et quelle mascotte ! 1 an après la sortie
réussie de la Megadrive, Nintendo répondait à
l’arrogance de Sega alors à son apogée en
sortant la Super Nintendo ou Super NES une des futures reines
du jeu-vidéo.
Nintendo récupère
le leadership avec une console plus enfantine. La Super NES
est plus puissante et propose plus d’effets visuels et
sonores que la console du hérisson bleu. On note des
effets de transparence, des rotations ou encore la fausse 3D
du célèbre Mode 7. A partir de là Séga
n’aura de cesse de vouloir améliorer sa Megadrive,
souvent maladroitement, il faut bien avouer. Le Mega-cd fait
son apparition en 1992 et se branche en dessous de la Megadrive.
Il est trop cher et s’avère être en aucun
cas une révolution. Son seul intérêt résidait
dans la possibilité d’intégrer aux jeux
des cinématiques digitalisées comme dans Night
Trap. Les jeux ne se sont pas bousculés au portillon
et les hits n’étaient pas nombreux mise à
part Sonic CD, Silpheed ou encore Mortal Kombat.
En 1993, Sega décide de
relooker sa Megadrive et son Mega-cd les rendant plus petits
et ne trahissant pas l’esprit design de la marque. La
Megadrive ne marche pas super au Japon et doit déposer
les armes face à une Super NES très incisive.
Aux Etats-Unis, c’est différent car la Megadrive
caracole en tête avec plus de 50% de parts de marché.
En Europe elle se débrouille bien et les joueurs se passionnent
pour des jeux purement géniaux, tels Shinobi, Strider,
Streets of Rage, Golden Axe, Quack Shot, Castle of Illusion,
Sonic, Landstalker, La Légende de Thor, Thunderforce,
Hellfire, Mortal Kombat, Street Fighter, NBA Jam, Tazmania,
j’en passe et des meilleurs. La Megadrive a une ludothèque
aussi fournie que la Super NES et se démarque par des
jeux plus adultes.
En fin de carrière, la
Megadrive va proposer des jeux techniquement révolutionnaires
comme Virtua Racing et sa 3D polygonale ou encore Contra Hardcore
de Konami qui présente des effets spéciaux jusque
là inédits sur Megadrive et que tout le monde
croyait impossible à faire. Notons aussi la sortie de
Flink, premier jeu de Sega à afficher autant de couleurs.
Après le bide du Mega-cd et de ses petits frères
( le wonder-mega, le multi-mega pour ne citer qu’eux)
Sega persévère en sortant la Megadrive 32X, sorte
de champigon hallucinogène qu’on insère
dans le port cartouche de la Megadrive et qui permet au joueur
de s’adonner au plaisirs de la 3D. Là, encore,
Sega innove mais en vain, car c’est trop tard, déjà
1995 pointe le bout de son nez avec les bouleversements qu’on
connaît. La 32X est donc un nouveau flop malgré
un Virtua Racing Deluxe, un Doom et un Virtua Fighter bien sympathiques.
Parallèlement, Sega qui
se partage le marché des consoles de salon avec Nintendo,
décide de répondre à la Game Boy de Nintendo
qui se vend comme des petits pains. C’est la sortie en
grande pompe de la Sega Game Gear et de son écran couleur
rétro-éclairé. Mais la console fort bien
lotie techniquement souffre d’un écran pas toujours
très lisible et d’une autonomie ridicule, c’est
à nouveau un échec commercial de Sega qui se borne
à vouloir, révolutionner le marché du jeu
en permanence, c’est tout à son honneur. La Game
Gear n’est pas pour autant un énorme flop car de
nombreux joueurs l’adoptent, notamment des Master System
gamers qui via un adaptateur ingénieux s’éclatent
à leurs jeux préférés en voiture
ou pendant les cours ! La Game Gear possède quelques
perles video-ludiques comme Sonic Chaos, Land of Illusion, Fatal
Fury Spécial remarquable ou encore Ax Battler.
Sega retentera de se faire une
petite place dans le marché cloisonné des portables
en sortant la Sega Nomad quelques années plus tard, essentiellement
au Etats-Unis. Cette console méconnue est en fait une
Megadrive portable d’une qualité indéniable.
Même si c’est peut être la meilleure portable
jamais créée de tous les temps, elle ne rencontra
pas le succès qu’elle aurait mérité.
Mais Sega n’est pas à plaindre car financièrement,
ça baigne. C’est tout de même le numéro
deux du jeu-vidéo familial. Sega est aussi le numéro
1 de l’Arcade et ses jeux connaissent une réussite
monstre ! Des jeux 3D révolutionnaires succèdent
à des classiques comme Space Harrier et AfterBurner.
Dès le début des années 90, Sega révolutionne
à tour de bras avec un Virtua Racing formidable.
Un peu plus tard, Sega signe
le plus grand jeu de course Arcade jamais créé
à savoir Daytona USA. Suivront Sega Rally et Virtua Fighter,
premier jeu de baston tout en 3D. Sega est le précurseur
et son département d’Arcade AM2 est le meilleur
du monde. Sega se trouve rapidement en position de monopole
sur le marché de l’Arcade. Les premiers centres
de loisirs Sega font leur apparition grâce à un
partenariat avec Dreamworks. En France, les espaces de loisirs
« La tête dans les nuages » ouvrent leurs
portes à Paris puis en province, on est en 1996. Revenons
maintenant à la situation de 1995. La Megadrive et ses
nombreux périphériques s’essoufflent et
n’enrayent pas suffisamment les ventes de la Super Nintendo,
il est temps d’innover, une fois de plus.
Mais Sega ne fût pas le
seul à lancer une 32 bits sur le marché puisque
simultanément, Sony arrive tambour battant avec une console
nommée Playstation. Sur le papier, la Saturn de Sega
était plus puissante mais le constructeur n’a pas
misé sur la 3D à tout prix contrairement à
Sony et sa Playstation qui s’avère vite être
beaucoup plus douée dans le domaine. Pendant que la Saturn
affichait péniblement un Daytona USA vraiment pas beau,
la consoles de Sony crachait Ridge Racer à la gueule
du joueur, estomaqué. De plus, la Saturn est très
difficile à programmer, ce qui n’arrangera rien.
Mais la console de Sega arrive tout de même à garder
le contact en termes de ventes japonaises grâce à
un Sega Rally très réussi et des jeux de combats
en 2D merveilleusement programmés tels The King of Fifghters
d’SNK ou Marvel Super Héroes Versus Street Fighter
de Capcom. Sony récupère Final Fantasy et laisse
peu à peu la Saturn à quelques encablures à
coup de mega-hits en puissance comme Final Fantasy 7, Resident
Evil, Tekken ou encore Metal Gear Solid qui cartonne.
Les HardCore Gamers ne boudent
pas la Saturn mais le grand public s’en détourne
et la Playstation triomphe partout dans le monde. En France,
la Saturn ne trouvera jamais son public à cause d’un
prix de lancement prohibitif ( environ 1000f de plus que la
Playstation ) et d’une ludothèque minimale car
les jeux japonais n’étaient pas tous convertis
pour l’Europe. On retiendra le sublime Panzer Dragoon
et sa suite Panzer Dragoon Zwei qui marqueront l’histoire
du Shoot them up 3D. Sur Saturn, on ne trouve même pas
un bon Sonic à se mettre sous la dent ! Il faudra attendre
la prochaine console de Sega pour retrouver la mascotte au meilleur
de sa forme. La Saturn est laissée sur le carreau, trois
petits tours et puis s’en va. Fin 1998 au Japon et en
1999 aux Etats-Unis et en Europe, la firme du hérisson
bleu s’attaque au marché des 128 bits avec la Dreamcast,
console en tout points géniale, console qui va occasionner
chez les fans de la marque des sourires jusqu’aux oreilles.
D’excellents jeux font
leur apparition comme Soulcalibur, Shenmue, Resident Evil code
Veronica , SNK versus Capcom, Virtua Tennis, Daytona USA. La
Dreamcast devient très vite la console préférée
des HardCore gamers aux côtés de la Néo-Géo.
Mais ça ne suffit pas pour détrôner la Playstation
ancrée profondément sur tous les continents. La
Dreamcast, première console Online n’a pas pu défendre
ses chances comme elle aurait dû à cause des pertes
financières accumulées par Sega avant son lancement.
On peut affirmer sans se tromper que Sony a tué le Hardware
Sega mais on peut aussi avouer que Sega s’est un peu tué
tout seul, à petit feu, à coups de nombreux flops
et erreurs de marketing.
En Mars 2001, après
une courte bataille contre la Playstation 2 pourtant moins inspirée
par l’anti-aliasing que la Dreamcast, Sega annonce l’arrêt
de la production de sa console 128 bits afin de définir
une politique de software multi consoles. Ainsi, on retrouvera
dès 2001 des jeux Sega sur Playstation 2 puis sur Xbox
et Game Cube. Ah, si seulement Sega avait inventé les
Pokemons ! Pour finir, ajoutons que la Dreamcast n’en
finit plus de mourir, il y a encore des jeux qui sortent dessus
au Japon, tels le très beau Ikaruga ou le très
attendu The King of Fighters 2001 qui devrait arriver le 26
Décembre 2002. Peut-être, un jour, reverrons-nous
une nouvelle console frappée des quatre lettres bleues,
on peut toujours espérer… Sega reste le big boss
de l’Arcade alors, pourquoi pas ?
Par Nicolas Loubère