Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


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Sega

Sega c’est plus fort que toi. Ce slogan est connu de tous, même de ceux qui ignorent le monde du jeu-vidéo.
Sega c’est plus fort que toi mais malheureusement moins fort que Sony et Nintendo. Moins fort car Sega a toujours cherché à innover tandis que les autres se contentaient de surfer sur la vague bleue. Moins fort car Sega a commis de grosses erreurs. Moins fort, enfin parce que Sega est aujourd’hui évincé de la guerre des consoles. Mais Sega n’est pas mort et peut toujours se targuer d’être plus fort que toi car la firme est devenue l’un des plus gros concepteurs de jeux-vidéos multi consoles et reste le leader du marché de l’Arcade. Le savoir faire a un nom, il est fait de quatre lettres, quatre lettres bleues. Un « S » pour sérieux, un « E » pour élégance, un « G » pour géant déchu et un « A » comme audacieux, Sega ou le jeu-vidéo passion. Lors de ce dossier, nous reviendrons sur l’historique de la firme et sur les jeux qui restent encore aujourd’hui des références incontestées. Ce dossier a été réalisé grâce à l’érudition de deux sites Internet qui sont : www.indemag.com et www.zonesega.com .

Sega a été fondé en 1954 par un américain, et oui ! !, David Rosen. Service Games est le nom de la société. Au départ, celle-ci se concentre surtout sur les machines destinées aux bars comme les Juke-box ou les flippers. Ce sont surtout les militaires américains qui s’en divertissent dans leurs bases. David Rosen décida d’exporter quelques machines dans les nombreuses bases installées au Japon. Service Games connaîtra vite le succès, dès 1965, la société est en mesure de créer ses propres machines. Les employés japonais n’arrivant pas bien à prononcer Service Games, ils prirent l’habitude d’utiliser le diminutif « Sega ». David Rosen s’en rendra vite compte et c’est ainsi que Sega vit le jour.

En 1960, les premiers jeux-vidéos naquirent et Sega créa un premier jeu en 1966, à savoir : The Periscope, une espèce de bataille navale. Le succès était au rendez-vous et les japonais se sont vite pris au jeu. Sega, en 1972 fusionne avec Gulf and Western, cette alliance permit à Rosen de poursuivre sa politique de développement et de commercialisation de jeux d’Arcade. Rosen chercha un remplaçant vers la fin des seventies et le trouva en la personne de Hayao Nakayama qui était, à l’époque, son meilleur client. En 1983, Sega ne cesse de redéfinir le jeu-vidéo en profondeur en créant un jeu 3.D comme Sub-Rock 3D ou en utilisant le disque laser et des scènes vidéos animées comme dans Astron Belt.

Mais, 1983 est surtout l’année pendant laquelle Sega crée sa première console, la SG-1000 qui évoluera par la suite en SG-1000 MARK2 et SG-1000 MARK3. L’échec des consoles américaines Colécovision ou Vectrex aux Etats-Unis, pousse Sega a ne sortir leur nouvelle console que sur le sol japonais, là où la demande est réelle. 1 an après le lancement de la SG-1000, Sega se lance dans la micro-informatique avec le SG-3000. Les deux machines partagent la même architecture et la même électronique. Le SG-3000 se voit enrichi d’un clavier, le SK-1100, les jeux sont les mêmes, on retrouve Simbad Mystery, Congo Bongo entre autres. Mais le SG-3000 offrait surtout la possibilité aux débutants de programmer en Basic permettant une prog graphique et sonore. Plus tard le SG-3000 H verra le jour mais Sega n’ira pas plus loin dans la micro-informatique.

Après des conflits internes, Sega devient Sega Interprise Ltd. Nakayama est le patron de Sega Japan tandis que David Rosen dirige Sega of America. En 1986, la Bourse de Tokyo
accueille Sega pour la première fois. Toujours en 1986, Sega rebaptise sa SC-1000 MARK3 en Master System pour contrer la NES de Nintendo. Au Japon, c’est un succès mais pas aux Etats-Unis. Pourquoi ? La faute à Nintendo qui baisse le prix de la NES puis augmente celui des cartouches de jeux. La NES est en plein boom et on compte beaucoup d’unités vendues. A la fin de l’année Nintendo occupe 90% du marché Américain du jeu vidéo familial de loisir contre 10% alloué à Sega et à sa Master System. En Europe, là où Nintendo n’est pas trop présent, la console de Sega marche davantage et représente 30% de parts de marché en 1987.

Sega fait des erreurs de marketing assez importantes. Ainsi, en sortant uniquement des jeux estampillés Sega, la Master System passe à côté de nombreux hits comme Final Fantasy que Nintendo est bien content de récupérer et signe une exclusivité de 10 ans avec Square Soft. De plus, il manque à Sega une véritable mascotte ; alors que Mario, le plombier moustachu bat des records de vente, Alex Kid de Sega marque le pas et ne trouve pas le public escompté. Si l’entrée dans la guerre des consoles de la firme de David Rosen n’est pas un échec total, la suprématie de Nintendo, surtout aux Etats-Unis fait peur mais la Master System tire son épingle du jeu avec une puissance supérieure à la NES et des jeux de grande qualité, tels Phantasy Star ou Shinobi.

Compte tenu du fait que Sega ait sortit sa console après son concurrent, Nintendo aurait dû être le premier à proposer une nouvelle machine mais, la firme du plombier ayant les reins solides grâce au succès de la NES n’avait aucun intérêt à se lancer dans le monde des consoles 16bits avant Sega. En 1988, Sega innove en proposant au public japonais, la Megadrive, une console esthétiquement très belle, toute noire et racée. Les caractéristiques techniques sont épatantes mais la NES de Nintendo, moins chère et très implantée ne se fait pas dévorer, ni même manger pour autant. La Megadrive peine à se faire une place au soleil.

En 1989, Sega se lance à l’assaut des Etats-Unis où tout reste à faire. Grâce à des publicités agressives et à un trè bon marketing fondé sur le célèbre « Sega c’est plus fort que toi », la Megadrive ( appelée Genesis outre-Atlantique ) décolle, s’envole et devient très vite incontournable. Sega y adapte tous ses succès de l’Arcade et toutes les réussites de la Master System, les jeux sont beaux, graphiquement aboutis, seule ombre au tableau : le son n’est pas terrible ce qui ne rend pas hommage aux superbes compositions de Yuzo Koshiro par exemple. D'ailleurs, Revenge of Shinobi fait un tabac et la console s’ouvre aux éditeurs tiers comme Virgin qui sort de superbes jeux : Global Gladiators, Cool Spot ou Aladdin.

Mais Mario reste indétronable, alors Sega, en 1991 lance Sonic à l’abordage du jeu-vidéo. Sonic est né à la suite d’une compétition interne chez Sega. Les programmeurs découvrirent le moyen de réaliser un scrolling ( défilement de l’écran ) ultra rapide sur Megadrive. Sega adopte alors l’idée de faire le jeu de plate-forme le plus rapide jamais réalisé. Oshima San dessine alors Sonic, le hérisson bleu, le plus speedé du monde ! Lors de la sortie du jeu en 1991, les ventes de megadrive américaines ont explosé, Sega venait de trouver sa mascotte et quelle mascotte ! 1 an après la sortie réussie de la Megadrive, Nintendo répondait à l’arrogance de Sega alors à son apogée en sortant la Super Nintendo ou Super NES une des futures reines du jeu-vidéo.

Nintendo récupère le leadership avec une console plus enfantine. La Super NES est plus puissante et propose plus d’effets visuels et sonores que la console du hérisson bleu. On note des effets de transparence, des rotations ou encore la fausse 3D du célèbre Mode 7. A partir de là Séga n’aura de cesse de vouloir améliorer sa Megadrive, souvent maladroitement, il faut bien avouer. Le Mega-cd fait son apparition en 1992 et se branche en dessous de la Megadrive. Il est trop cher et s’avère être en aucun cas une révolution. Son seul intérêt résidait dans la possibilité d’intégrer aux jeux des cinématiques digitalisées comme dans Night Trap. Les jeux ne se sont pas bousculés au portillon et les hits n’étaient pas nombreux mise à part Sonic CD, Silpheed ou encore Mortal Kombat.

En 1993, Sega décide de relooker sa Megadrive et son Mega-cd les rendant plus petits et ne trahissant pas l’esprit design de la marque. La Megadrive ne marche pas super au Japon et doit déposer les armes face à une Super NES très incisive. Aux Etats-Unis, c’est différent car la Megadrive caracole en tête avec plus de 50% de parts de marché. En Europe elle se débrouille bien et les joueurs se passionnent pour des jeux purement géniaux, tels Shinobi, Strider, Streets of Rage, Golden Axe, Quack Shot, Castle of Illusion, Sonic, Landstalker, La Légende de Thor, Thunderforce, Hellfire, Mortal Kombat, Street Fighter, NBA Jam, Tazmania, j’en passe et des meilleurs. La Megadrive a une ludothèque aussi fournie que la Super NES et se démarque par des jeux plus adultes.

En fin de carrière, la Megadrive va proposer des jeux techniquement révolutionnaires comme Virtua Racing et sa 3D polygonale ou encore Contra Hardcore de Konami qui présente des effets spéciaux jusque là inédits sur Megadrive et que tout le monde croyait impossible à faire. Notons aussi la sortie de Flink, premier jeu de Sega à afficher autant de couleurs. Après le bide du Mega-cd et de ses petits frères ( le wonder-mega, le multi-mega pour ne citer qu’eux) Sega persévère en sortant la Megadrive 32X, sorte de champigon hallucinogène qu’on insère dans le port cartouche de la Megadrive et qui permet au joueur de s’adonner au plaisirs de la 3D. Là, encore, Sega innove mais en vain, car c’est trop tard, déjà 1995 pointe le bout de son nez avec les bouleversements qu’on connaît. La 32X est donc un nouveau flop malgré un Virtua Racing Deluxe, un Doom et un Virtua Fighter bien sympathiques.

Parallèlement, Sega qui se partage le marché des consoles de salon avec Nintendo, décide de répondre à la Game Boy de Nintendo qui se vend comme des petits pains. C’est la sortie en grande pompe de la Sega Game Gear et de son écran couleur rétro-éclairé. Mais la console fort bien lotie techniquement souffre d’un écran pas toujours très lisible et d’une autonomie ridicule, c’est à nouveau un échec commercial de Sega qui se borne à vouloir, révolutionner le marché du jeu en permanence, c’est tout à son honneur. La Game Gear n’est pas pour autant un énorme flop car de nombreux joueurs l’adoptent, notamment des Master System gamers qui via un adaptateur ingénieux s’éclatent à leurs jeux préférés en voiture ou pendant les cours ! La Game Gear possède quelques perles video-ludiques comme Sonic Chaos, Land of Illusion, Fatal Fury Spécial remarquable ou encore Ax Battler.

Sega retentera de se faire une petite place dans le marché cloisonné des portables en sortant la Sega Nomad quelques années plus tard, essentiellement au Etats-Unis. Cette console méconnue est en fait une Megadrive portable d’une qualité indéniable. Même si c’est peut être la meilleure portable jamais créée de tous les temps, elle ne rencontra pas le succès qu’elle aurait mérité. Mais Sega n’est pas à plaindre car financièrement, ça baigne. C’est tout de même le numéro deux du jeu-vidéo familial. Sega est aussi le numéro 1 de l’Arcade et ses jeux connaissent une réussite monstre ! Des jeux 3D révolutionnaires succèdent à des classiques comme Space Harrier et AfterBurner. Dès le début des années 90, Sega révolutionne à tour de bras avec un Virtua Racing formidable.

Un peu plus tard, Sega signe le plus grand jeu de course Arcade jamais créé à savoir Daytona USA. Suivront Sega Rally et Virtua Fighter, premier jeu de baston tout en 3D. Sega est le précurseur et son département d’Arcade AM2 est le meilleur du monde. Sega se trouve rapidement en position de monopole sur le marché de l’Arcade. Les premiers centres de loisirs Sega font leur apparition grâce à un partenariat avec Dreamworks. En France, les espaces de loisirs « La tête dans les nuages » ouvrent leurs portes à Paris puis en province, on est en 1996. Revenons maintenant à la situation de 1995. La Megadrive et ses nombreux périphériques s’essoufflent et n’enrayent pas suffisamment les ventes de la Super Nintendo, il est temps d’innover, une fois de plus.

Mais Sega ne fût pas le seul à lancer une 32 bits sur le marché puisque simultanément, Sony arrive tambour battant avec une console nommée Playstation. Sur le papier, la Saturn de Sega était plus puissante mais le constructeur n’a pas misé sur la 3D à tout prix contrairement à Sony et sa Playstation qui s’avère vite être beaucoup plus douée dans le domaine. Pendant que la Saturn affichait péniblement un Daytona USA vraiment pas beau, la consoles de Sony crachait Ridge Racer à la gueule du joueur, estomaqué. De plus, la Saturn est très difficile à programmer, ce qui n’arrangera rien. Mais la console de Sega arrive tout de même à garder le contact en termes de ventes japonaises grâce à un Sega Rally très réussi et des jeux de combats en 2D merveilleusement programmés tels The King of Fifghters d’SNK ou Marvel Super Héroes Versus Street Fighter de Capcom. Sony récupère Final Fantasy et laisse peu à peu la Saturn à quelques encablures à coup de mega-hits en puissance comme Final Fantasy 7, Resident Evil, Tekken ou encore Metal Gear Solid qui cartonne.

Les HardCore Gamers ne boudent pas la Saturn mais le grand public s’en détourne et la Playstation triomphe partout dans le monde. En France, la Saturn ne trouvera jamais son public à cause d’un prix de lancement prohibitif ( environ 1000f de plus que la Playstation ) et d’une ludothèque minimale car les jeux japonais n’étaient pas tous convertis pour l’Europe. On retiendra le sublime Panzer Dragoon et sa suite Panzer Dragoon Zwei qui marqueront l’histoire du Shoot them up 3D. Sur Saturn, on ne trouve même pas un bon Sonic à se mettre sous la dent ! Il faudra attendre la prochaine console de Sega pour retrouver la mascotte au meilleur de sa forme. La Saturn est laissée sur le carreau, trois petits tours et puis s’en va. Fin 1998 au Japon et en 1999 aux Etats-Unis et en Europe, la firme du hérisson bleu s’attaque au marché des 128 bits avec la Dreamcast, console en tout points géniale, console qui va occasionner chez les fans de la marque des sourires jusqu’aux oreilles.

D’excellents jeux font leur apparition comme Soulcalibur, Shenmue, Resident Evil code Veronica , SNK versus Capcom, Virtua Tennis, Daytona USA. La Dreamcast devient très vite la console préférée des HardCore gamers aux côtés de la Néo-Géo. Mais ça ne suffit pas pour détrôner la Playstation ancrée profondément sur tous les continents. La Dreamcast, première console Online n’a pas pu défendre ses chances comme elle aurait dû à cause des pertes financières accumulées par Sega avant son lancement. On peut affirmer sans se tromper que Sony a tué le Hardware Sega mais on peut aussi avouer que Sega s’est un peu tué tout seul, à petit feu, à coups de nombreux flops et erreurs de marketing.

En Mars 2001, après une courte bataille contre la Playstation 2 pourtant moins inspirée par l’anti-aliasing que la Dreamcast, Sega annonce l’arrêt de la production de sa console 128 bits afin de définir une politique de software multi consoles. Ainsi, on retrouvera dès 2001 des jeux Sega sur Playstation 2 puis sur Xbox et Game Cube. Ah, si seulement Sega avait inventé les Pokemons ! Pour finir, ajoutons que la Dreamcast n’en finit plus de mourir, il y a encore des jeux qui sortent dessus au Japon, tels le très beau Ikaruga ou le très attendu The King of Fighters 2001 qui devrait arriver le 26 Décembre 2002. Peut-être, un jour, reverrons-nous une nouvelle console frappée des quatre lettres bleues, on peut toujours espérer… Sega reste le big boss de l’Arcade alors, pourquoi pas ?

Par Nicolas Loubère

 

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