Depuis près de 17 ans
maintenant, le Beat them up aussi appelé jeu de baston
est en perpétuelle évolution. Ses origines remontent
à 1987 avec le précurseur « Street Fighter
» de Capcom. Il ne faut pas confondre le Beat them up
et le Beat them all. Le premier oppose un combattant contre
un autre combattant, tel un duel tandis que le second vous permet
de diriger un personnage évoluant dans un scrolling horizontal
et qui va être amené à défier tous
ses adversaires arrivant en nombre important. Nous ne parlerons
donc pas, ici de « Final Figth », de « Streets
of Rage » ou encore de Golden Axe. 1987 est donc l’année
de naissance d’un genre de jeu vidéo qui va rencontrer
le succès 4 ans plus tard avec Street Fighter 2. Peu
de gens se rappellent ou connaissent le premier épisode.
L’intérêt
d’un tel type de jeu, c ‘est la possibilité
de marier les différents styles d’arts martiaux
entre eux. Le joueur peut ainsi varier les plaisirs et la durée
de vie s’en trouve allongée. Le succès de
Street Fighter en 1991 est dû à deux facteurs.
Tout d’abord, la qualité technique du soft. Des
graphismes réussis, des sprites d’une taille avantageuse,
un gameplay exemplaire et une ambiance sonore déjà
culte, ensuite, des personnages charismatiques avec pour chacun
d’eux des coups spéciaux inventifs et intéressants,
des boules de feu, des coup de poing du dragon, des coup de
pied hélicoptère ou encore des prises et des placages
issus du monde du Catch. La scène de combat est composée
d’un décors large de trois écrans, des deux
combattants se faisant face, des jauges de vie des différents
personnages et d’une minuterie.
A partir du moment où
on a intégré ce postulat de départ alors
la suite est simple, le concepteur de jeu vidéo n’a
qu’une chose à faire : reprendre « Street
Fighter » changer deux, trois trucs pour améliorer
un concept, rajouter des combattants ou de nouvelles idées.
Ainsi, dès 1991 la concurrence réagissait déjà
à « Street Fighter ». Avec « Fatal
Fury », SNK veut alors proposer une alternative au «
Street Fighter » de l’époque en proposant
au joueur d’incarner trois personnages, à savoir
Terry Bogard, Andy Bogard et Joe Igashi. C’est trois nouveaux
combattants se veulent être la réponse d’SNK
aux Ryu, Ken, Chun Li, Guile, Blanka, Daldhim, Zangief de Capcom.
Le faible nombre de personnage offerts dans « Fatal Fury
» ne permet pas à SNK de se tailler la part du
lion et « Street Fighter 2 » s’avère
être le leader incontesté du Beat them up.
1992 est sans contestation l’année
du Beat Them up avec les sorties des séquelles de «
Street Fighter » ajoutant des nouveaux fighters, des nouveaux
coups spéciaux et offrant une rapidité de jeu
démoniaque mais aussi avec l’arrivée de
4 nouveaux concurrents : Fatal Fury 2 et ses 8 personnages dont
Mai Shiranui. « Mortal Kombat » qui cartonne d’emblée
aux Etats Unis et en Europe, jouissant d’une ambiance
gore et d’un concept original (combattants digitalisés,
sang qui coule à flot et Fatalités inhumaines).
« Art of Fighting », deuxième Beat Them Up
du japonais SNK qui propose des sprites énormes, des
zoom lorsque les fighters sont éloignés puis se
rapprochent mais surtout pour la première fois et à
l’instar de « Fatal Fury 2 » des super coups
spéciaux appelés aussi furies qui ajoutent de
la nouveauté dans les combats. A l’époque,
« Art of Fighting » fit l’effet d’une
bombe grâce notamment à sa réalisation technique.
Son gameplay étant pas terrible, ne proposant que 2 combattants
jouables.
En 1992, ADK tenta aussi sa
chance avec World Heroes qui n’est qu’un clone de
« Street Fighter ». Tout y est moins bon mais les
salles d’arcades avaient toutes un exemplaire de ce jeu
qui n’était pas dénué de tout intérêt.
En 1993, Capcom porte le nombre de combattant de « Street
Fighter 2 » à 16 et peaufine son jeu qui devient
encore plus abouti. Pour contrer une nouvelle fois Capcom, les
suites des standards du Beat Them Up ne se font pas attendre
et on a droit à « Mortal Kombat 2 » toujours
aussi saignant et bien fait, « World Heroes 2 »
toujours moins bon que Street Fighter 2 et « Fatal Fury
Special » qui ne cesse de rallier des nouveaux fans. SNK
le concepteur de Fatal Fury et d’Art of Fighting lance
un troisième jeu de baston sur le marché avec
« Samurai Showdown » et ses 12 personnages armés.
Pour la première fois des combats à l’arme
blanche vont être jouables. Haohmaru est la figure de
proue du jeu.
1993 est aussi une année
charnière à cause d’un homme : Yu Suzuki
qui est le premier à concevoir un jeu de Baston en 3d.
« Virtua Fighter » naquit dans les locaux de Sega
Amusement Vision et c’est ainsi que les rapports de force
dans le milieu du Beat Them Up vont évoluer différemment.
Le jeu de Sega propose une animation révolutionnaire
et se rapproche davantage du monde martial traditionnel, fini
les boules de feu, place ici aux arts martiaux purs. Les graphismes
pas encore assez réalistes et une ambiance de jeu un
peu étrange ne permette toutefois pas à Sega d’envoyer
la 2d de Capcom et d’SNK au tapis, loin de là.
1994 arrive et 9 jeux de combats sortent sur l’archipel
nippon alors que « Mortal Kombat 3 » fait son apparition
aux Etats Unis où il jouit encore d’une bonne notoriété
malgré son absence de renouvellement.
Pour la première fois
dans « Street Fighter » les furies ou super combos
finish font leur apparition dans « Super Street Fighter
2 X » qui déboule fièrement dans les salles
d’arcade. Après plus de sept ans d’existence,
« Street Figther » est toujours là, toujours
plus fort et parfait. Capcom qui ne proposait que « Street
Fighter » dans son catalogue se montra plus mordant avec
les arrivées de « Darkstalkers » et «
Xmen Children of the Atom ». Ces deux nouvelles productions
sont de suite adoptées par le public qui découvre
le côté bourrin de Capcom qui repousse les limites
sur le plan du visuel. Des explosions énormes à
l’écran, des furies spectaculaires et des personnages
haut en couleur qui ravirent les joueurs du monde entier. Quelle
joie de pouvoir diriger Cyclop dans Xmen ou encore Morrigan
dans « Darkstalkers » ! SNK a du répondant
avec « Samurai Shodown 2 » remarquable, «
Art of Fighting 2 » colossal et surtout le monumental
« The King of Fighters 94 ».
« The King of Fighters
94 » et ses combats 3 contre 3 qui met en scène
les figures les plus emblématiques de SNK et qui introduit
une foule de nouveaux combattants comme Kyo Kusanagi bouleverse
le Beat Them Up 2d et arrive à presque d’emblée
à faire oublier « Street Fighter » ! SNK
frappe très fort sur la table et on le sait déjà,
on aura un nouveau « The King of Fighter » chaque
année. Alors que Capcom et SNK se livre une véritable
guerre, enterrant tous les autres, Namco veut répondre
à Virtua Fighter et propose son jeu de combat en 3d :
« Tekken ». Namco fait encore plus fort que Sega
en mappant les combattants avec des textures. Le graphisme gagne
en réalisme et la 3d représente alors une alternative
viable au monde fermé de la baston 2d. Kazuya le héro
de « Tekken » s’est attelé à
une tache : redéfinir en profondeur le milieu du jeu
vidéo de combat. Parallèlement, Nintendo se lance
lui aussi dans le Beat Them Up avec « Killer Instinct
» et son ambiance si particulière. Ce jeu en 2d
aux allures de 3d est un hymne au combo. Une grande réussite
pour un jeu vraiment original et racé.
En 1995, 15 jeux se battent en
duel. Nous ne les citerons pas tous évidement. Les suites
sont légion. « The King of Fighters 95 »
améliore son concept novateur et permet alors d ‘éditer
sa propre team de combattants. Iori Yagami y fait son apparition
et c’est à nouveau une référence
de la baston 2d. En fait deux paradigmes s’affrontent.
Il y a les pro-2d et les pro-3d. SNK et Capcom avec «
Street Fighter Alpha », « Darkstalker 3 »,
« Marvel Super Heroes » pour l’un et «
Samurai Shodown 3 », Fatal Fury3 et « King of Fighters
95 » pour l’autre sont les vecteurs du premier paradigme
tandis que Namco et Sega s’affrontent dans le monde naissant
de la baston 3d. « Virtua Fighter 2 » contre «
Tekken » et « Soul Edge » qui est une sorte
de « Samurai Shodown » en 3d. 1995 restera l’année
du positionnement des forces en présence. Toutes les
années qui vont suivre sont allouées à
l’amélioration des jeux de chaque éditeur.
Ainsi dans la période
1995-2000 Namco développa 3 nouveaux « Tekken »
et 1 séquelle de « Soul Edge » : «
Soulcalibur », Sega sortit 5 épisodes de «
Virtua Fighter » toutes plate formes confondues ainsi
que « Fighting Vipers 1 et 2 », « Last Bronx
» qui sont des clones de « Virtua Fighter »
proposant juste des univers différents. On reste dans
la 3d avec Square Soft qui tenta sa chance à 4 reprises
avec « Tobal 1 et 2 » très bien réalisés
et deux épisodes de « Bushido Blade » jeu
de combat très réaliste et mortel. Tecmo voulant
redistribuer les cartes lança deux épisodes de
Dead or Alive à l’assaut de la suprématie
du jeu 3d et fournit une nouvelle référence dans
le domaine. Capcom, toujours sur la période 1995-2000
programma 16 jeux de baston en 2d dont 6 « Street Fighter
» et 7 crossovers réussis. Le géant japonais
s’est aussi essayé à la 3d et on citera
« Rival School » et « Star Gladiator »
qui sont les mieux conçus. Jamais Capcom n’a pu
rivaliser avec Sega, Namco et Tecmo dans le milieu du Beat them
up 3d.
En 5 ans, SNK a développé
6 nouveaux « The King of Fighters » sans jamais
lasser le joueur, 4 « Samurai Shodown », 4 «
Fatal Fury » dont le génialissime « Mark
of The Wolves » et 2 « Last Blade » variantes
magnifiques de « Samurai Shodown », notons aussi
« Art of Fighting 3 » qui sera le dernier de la
série. C’est en 2000 que SNK ferme boutique et
renaît en 2001 sous le nom de Playmore. 2000 c’est
aussi l’arrivée fracassante de « Guilty Gear
x » édité par Sammy qui fait un carton au
Japon. Ce jeu de baston 2d est le seul à proposer des
graphismes en haute définition et une ambiance musicale
aussi déjantée. Une réussite à tous
les étages qui prouve qu’il n’y a pas que
SNK et Capcom dans la vie ! ! Contrairement à ce qu’on
aurait pu penser le Beat Them Up traverse une petite crise et
les années 2001 et 2002 ne sont pas très prolifiques
en terme de nombre de jeux de combats mis sur le marché.
Seulement 17 jeux en deux ans.
Seulement, la qualité est presque chaque fois au rendez-vous.
Si Playmore connaît un petit coup de blues avec «
The King of fighters 2001 » il se rattrape merveilleusement
bien avec « The King Of Fighters 2002 » qui est
peut-être le meilleur de la série. Capcom réussit
« Rival School projet justice » et son crossover
: « Capcom vs SNK2 » se joue sur la terre entière.
Namco fournit du bon travail avec Tekken 4 et Soulcalibur 2
et Sega ne cesse d’améliorer « Virtua Fighter
» avec la 4ème version du jeu qui s’avère
être un chef d’œuvre. Midway et son «
Mortal Kombat » revient lui aussi en force et représente
la seule tentative américaine de faire face à
l’hégémonie japonaise. « Tecmo »
continue à jouer les troubles fêtes avec «
Dead or Alive 3 » et ses graphismes somptueux. Tout comme
Sammy et son « Guilty Gear x2 » qui est mortel !
Pour conclure, disons que
les éditeurs phares des années 90 sont toujours
là et que même si SNK a connu quelques déboires,
c’est pas fini pour ses fières licences. Capcom
est aussi encore un poids lourd mais a tendance à laisser
le «Beat Them up un peu de côté ces derniers
temps. Sammy et Tecmo avec un seul jeu chacun font des merveilles
tandis que Sega et Namco se font toujours la guerre comme au
bon vieux temps. Le Beat them up attire moins de joueurs qu’avant
mais les Hard Core Gamers continuent à se les arracher.
Des clans se sont formés, il y a les pro-2d et les pro-3d
, les pro « Tekken » et les pro « Virtua Fighter
», les pro Capcom et les pro SNK mais on peut tous les
regrouper en pro-baston ! ! !
Par Nicolas Loubère