Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


tous les mardis de 19h à 20h sur Radio Campus Bordeaux 88.1
Animateurs: Emilie & Nicolas

email : aznconnection@online.fr
Téléphone : 05.57.12.45.72
Adresse :
Asian Connection
Radio Campus Bordeaux
16 esplanade des Antilles 33600 Pessac

 




Hosting by YMLP.com

 

Cowboy Bebop

 

Les origines de Cowboy Beebop sont à chercher du côté du Japon, ça c’est évident, mais surtout du côté de Brain Powerd, série sur des méchas. En 1998, succès de Gundam et d’Evangelion oblige, Bandai Visual demande à Sunrise la réalisation de Brain Powerd et également d’une seconde série, Cowboy Bebop. Les attentes étant plutôt tournées du côté des robots géants, le petit staff de CB se retrouve avec une liberté créatrice très appréciée. Si les noms de l’équipe technique sont moins prestigieux que pour Brain Powerd, on retrouve quelques habitués de la Sunrise comme Yadate Hajime pour l’histoire originale, Yoko Kanno à la musique, Watanabe Sin’ichiro (Macross Plus) à la réalisation, Kawamoto Toshihiro (Escaflowne) au character design, et bien d’autres…
Le contrat passé avec WOWOW, une chaîne payante du satellite, est revu à la baisse : seul Brain Powerd sera diffusé. Heureusement que TV Tokyo vient à la rescousse et achète 12 épisodes sur les 26 prévus. La diffusion commence en avril 1998. Et comme on ne peut pas toujours tout prévoir, Brain Powerd ne rencontre pas le succès espéré alors que CB rallie de nouveaux fans à chaque diffusion. WOWOW décide alors de diffuser l’intégralité des épisodes dès octobre 1998.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, en septembre 1999, Sunrise annonce la mise en chantier d’un long métrage. Retardé par le film d’Escaflowne, la production débute en mai 2000 et le film sort au Japon le 1 septembre 2001. Que dire sinon qu’en France, il est sorti depuis le 1er octobre 2003, soit plus de deux ans après le Japon…

Nous ne nous livrerons pas à un résumé de l’intrigue de la série car nous risquerions d’en gâcher les principaux rebondissements. Sachez tout de même que l’histoire se passe dans le futur, plus précisément en 2071 sur Mars, les hommes y vivent en véritables pionniers. Certains d’entre eux ont décidé de vivre libres, en communauté, dans un vaisseau spatial : le Bebop. Les membres du Bebop sont 5, trois sont des chasseurs de primes à la petite semaine, une enfant et reine de l’informatique et, enfin on y croise un chien savant. Tous ont un passé trouble qui s’éclaircira au fur et à mesure de l’avancement de la série qui compte 26 épisodes.

Commençons par présenter rapidement, de manière non exhaustive les quelques personnages de cet animé qui vaut, on va voir pourquoi, grandement le détour.
Spike Spiegle a adopté un style désinvolte depuis son retrait du monde de la mafia. Il aime le combat à main nue dans lequel il excelle, il aime aussi : piloter le Swordfish, chasseur ultra rapide du Bebop, manger de la viande mais c’est devenu une utopie, dormir et parler de tout et de rien avec son ami Jet Black. Spike est l’anti-héro à l’état pur, il se fout bien de ce qui peut arriver et il ne croît qu’en lui. A la différence d’un Han Solo, l’argent n’est pas sa principale motivation. Il parcourt l’espace et les villes nonchalamment, les mains dans les poches, son passé dans la tête et son désir de baston toujours réel. Watanabe a réussi le personnage le plus charismatique de la décennie.

Autre chasseur de prime, autre histoire, autre mentalité : j’ai nommé : Jet Black. Sous ses allures de gros bras cybernétique de service, Jet Black est un homme très bon, à l’écoute des autres, toujours prêt à agir dans le bon sens, c’est un ami parfait pour les autres membres du Bebop. Cet ancien flic intersidéral est aussi un parfait homme d’intérieur pour le Bebop. Il s’occupe de tout, du ménage, de la cuisine, même si Spike trouve souvent à redire, il fait même couturier quand il le faut. Son passé est à découvrir en visionnant la série, il est jalonné de surprises. Ajoutons que c’est lui qui, après avoir rencontré Spike a décidé de retaper le Bebop.
A l’inverse de ce bon vieux Jet, Faye Valentine, troisième chasseur de prime de l’équipage ne pense qu’à elle et suit constamment le chemin qu’elle s’est tracé, chemin dont elle ignore les sources. En effet Faye n’a pas de racines, elle n’a aucun souvenir de son enfance. Elle est membre du Bebop sans grande convictions. Ajoutons à ce profil d’ange déchu un physique de rêve, renforcé par ses tenues vestimentaires volontairement sexy même si elles ne sont pas assez variées. Faye Valentine est un peu la fille type des fantasmes masculins : corps sublime et charme omniprésent.

Ed de son vrai nom : Edward Wong Hau Pepelu Tivrusky 4th est une terrienne de 13 ans , débordant d’énergie et qui n’a pas son pareil quand il s’agit de pirater les systèmes informatiques. Ed est aussi d’une intelligence rare, elle ne pense qu’à manger et à se contorsionner dans tous les sens. Ses facultés mentales trouvent une résonance avec celles de Ein, le cinquième membre du Bebop. Ein n’est pas un humain, ce n’est pas non plus un alien, c’est juste un chien surdoué. Ein a lui aussi un passé trouble puisqu’il semble être le fruit d’expériences de laboratoires. Quoi qu’il en soit Ed et Ein forme le duo parfait.

La série Cowboy Bebop est assurément un chef d’œuvre de l’animation japonaise comme il en existe de moins en moins. Le contexte fin de siècle de sa sortie (1998) lui confère un cachet supplémentaire. L’homme qui a toujours considéré les années 2000 comme le siècle de toutes les révolutions technologiques peut trouver en Cowboy Bebop bons nombres d’attentes devenues contractuelles. Les vaisseaux spatiaux de nos livres d’enfant sont présent dans le quotidien de l’équipage du Bebop tout comme Mars la plus fascinante des planètes.

Le spectateur peut aussi remarquer l’importance des villes futuristes, des combats spatiaux spectaculaires sans oublier pour autant les spécificités de l’être humain, ainsi la science fiction de Cowboy Bebop n’est en fait qu’un parti pris scénaristique. En ce sens vous pouvez prendre tous les éléments clefs du manga et les transposer dans une autre époque. Tous les lieux fréquentés par les personnages trouvent leurs origines dans le vaste passé de l’humanité. L’univers de Cowboy Bebop est plus dense, plus étiré que le notre mais le spectateur ne se sentira jamais perdu, jamais abandonné, comme s’il était lui même un habitant de cette nouvelle donne géographique.

Les enfants du Bebop ont choisi le mode de vie du Far-West qui a trouvé en Mars l’occasion de renaître de ses cendres. Spike et les autres sont des chasseurs de primes qui à l’instar des héros du Western spaghetti tel l’homme au poncho incarné par Clint Eastwood, ont trouvé dans les déviances de certains la façon de gagner leurs vies. Cowboy Bebop n’emprunte pas que les codes et le visuel du Western, il en conserve aussi la mise en scène. En fait cette série d’animation est très cinématographique, un cinéma de genre qui fait tout son charme.

De la même manière que l’on y croise tous les univers, toutes les époques, on y croise aussi tous les genres ou presque du septième art. Les influences de Watanabe sont multiples. C’est cette pluralité qui fait de Cowboy Bebop une expérience à part dans le monde de l’animation. Dans cette escarcelle de cinéma pur, on trouve une touche d’action à la Hong Kong des meilleures années, celles des grands polars de John Woo et ses gunfights légendaires, une large dose de Western, une pincée de Star Wars, une grosse louche d’humour mais aussi un immense clin d’œil à l’Amérique du début du 20ème siècle et ses casinos surpeuplés. Le cinéma Japonais n’est pas en reste, on croise l’univers sombre et glauque de la mafia saupoudré de tous les codes samurais. En réalité, Cowboy Bebop est un melting pot réussi de plusieurs genres cinématographiques de tous les horizon, ce qui en fait une œuvre profondément internationale.

La réelle réussite de cette production Sunrise est avant tout son ambiance et ses personnages. Ces deux entités font corps dans un déluge d’intelligence scénaristique et d’originalité. Cette ambiance qui émane de la série est renforcée par la musique qui apparaît ici comme indispensable. Comme pour les lieux de l’action, comme pour la mise en scène, la bande originale est un mélange. Un mélange de plusieurs musiques, de plusieurs sonorités qui confère au dessin animé une force supplémentaire. Vous pouvez tout entendre dans Cowboy Bebop, du jazz, de l’electro, du heavy ou même du Hard Rock. Le travail de la célèbre Yôko Kanno et son équipe sur cette série est prodigieux. Je le répète une nouvelle fois mais c’est important : ce qui fait la force de Cowboy Bebop c’est sa mixité. Ajoutons à tout ça une réalisation technique de haut vol et une histoire vraiment prenante. Le travail sur le design des personnages est remarquable.

Yoshihiro Kawamoto signe un superbe character design, difficile de pas craquer pour tel ou tel personnage. La finesse du trait que l’on retrouve aussi dans les décors très fouillés est sidérante pour une série. Disons tout simplement que les qualités artistiques de ces 26 épisodes égalent bon nombre d’ OAV et même de film pour cinéma. La beauté visuelle de l’ensemble alliée à la mise en scène éclairée de Watanabe donne lieu à des épisodes cultes qui resteront ancrés dans les mémoires des spectateurs. Celui intitulé : Mushroom Samba est l’un d’entre eux. Dans Cowboy Bebop, on a vraiment le sentiment que les personnages sont dirigés comme de vrais acteurs. Il suffit de voir quelques épisodes pour saisir toute l’humanité de tel ou tel héros. Leur dimension psychologique est fortement poussée à l’instar des meilleurs films de Mamoru Oshii. Ils sont à la fois simples et complexes.

Cette complexité est sans doute le résultat des nombreux paradoxes qui composent leurs personnalités. Chacun est rongé par un passé soit douloureux, soit inconnu, par une existence qui soulève beaucoup de questions. On ne sait pas bien ce qui les raccroche à la vie. Les membres du Bebop sont à percevoir un peu comme des électrons libres d’un monde vaste et dangereux. Ils surfent sur la vie comme sur une vague infinie mais chaotique. Un petit exemple de paradoxe : Spike apparaît comme calme, souvent endormi, pas très vif. Sa démarche nonchalante cache en fait une boule de nerf, un bagarreur de tous les instants. Cette dualité est la résultante d’une gestion difficile entre le passé, le présent et l’avenir(moins important). Si Cowboy Bebop a eu autant de réussite populaire de par le monde c’est surtout grâce à la proximité privilégiée qui existe entre les personnages et les spectateurs. En fait Spike, Faye, Jet et les autres sont un peu perdus, déchus, ils sont tout simplement comme la jeunesse actuelle.


Vous l’avez sûrement compris, Cowboy Bebop n’est pas à manquer, c’est même indispensable. La série dure 26 épisodes. Watanabe a décidé de nous convier à 2 heures supplémentaires en compagnie de l’équipage du Bebop. C’est l’occasion de retrouver nos héros au cinéma pour une nouvelle aventure. Le réalisateur a choisi de ne pas représenter les personnages et considère que le public les connaît. On évite alors tous les clichés d’exposition qui plombent bon nombre de films américains. Les néophytes ne seront pas perdus, qu’ils se rassurent. Le film Bebop est sous-titré : Knocking on Heaven’s door. Le moins qu’on puisse dire c’est que le titre est en adéquation avec le propos entretenu par le long métrage. Les membres du Bebop sont lancés à la poursuite d’un ex militaire qui a servi de cobaye humain à des expériences menées jadis sur Titan. Depuis, il vit comme dans un rêve sans trop savoir où il en est.

Vincent, c’est son nom est un personnage typique de l’univers de Cowboy Bebop. Il est perdu, il ne sait plus quoi faire. Il choisit de ce fait un mode de communication extrême, le terrorisme biologique et ses virus indécelables pour pouvoir adapter le monde à sa dérive constante. Ce nouveau méchant qui fait son entrée dans l’univers de l’œuvre de Watanabe est intéressant car il est très proche des chasseurs de prime du Bebop. En fait Vincent pourrait être le côté obscur de Spike.

Nouveau méchant, nouvelle fille aussi, en la personne d’Electra. C’est une militaire super mignonne qui mène un double jeu. Tout comme Vincent, elle a fait un séjour sur Titan… Mieux vaut s’arrêter là, sinon on va trop en dire…
Dernier personnage clef : Rachid, un musulman du quartier arabe de Mars qui va guider Spike pendant ses investigations.

Cowboy Bebop le film, reprend toutes les recettes qui on fait le succès de la série afin de les faire perdurer tout au long du récit. On retrouve les panaché des peuples, des lieux, de la musique, des situations. On retrouve tout l’univers graphiques, la mise en scène.
On retrouve aussi avec plaisir les personnages qui sont exactement les mêmes que ce soit dans leurs raisonnements ou leurs faits et gestes. On se frotte les mains parce que rien n’a changé, c’est toujours aussi planant et tripant. On se laisse vite prendre la main puis le bras.
Mais voilà il y’ a un petit hic, un rien du tout qui m’empêche d’être à 100% satisfait. C’est difficile à définir. Techniquement, c’est pas mieux que la série qui avait atteint un niveau déjà très élevé. On a juste droit à quelques effets 3d très bien intégrés. Il manque peu être un peu de folie dans ce long métrage, quelques scènes jubilatoires. Même le combat entre Spike et son bolide ailé et les véhicules de l’armée paraît un peu fade, tout comme le contexte déjà vu chez Tim Burton à savoir Halloween ou encore un final assez proche de Batman. Il manque quelques vraies fusillades (si l’on excepte la superbe scène du tramway aérien). En revanche on est heureux de retrouver quelques éléments phares de la série comme par exemple le programme télé pour chasseurs de primes : « Big Shot ». Les personnages se lancent en Freelance pour enfin se regrouper, comme dans la série…

Dernière petite remarque, le film traitant de terrorisme biologique, faisant écho avec la situation de crise internationale de nos société, revêt un rôle et un propos peut être un peu lourd pour une série qui n’était pas encore allée aussi loin dans l’étude de la société. Et si c’était tout simplement une preuve de la faculté d’adaptation des héros du Bebop face à n’importe quelle situation ? La réponse est sûrement cachée dans ce film qui est de toute façon une réussite à ne louper sous aucun prétexte, on vous en voudrait si c’était le cas.

Par Emilie et Nicolas

 

Textes et sons par Asian Connection - Design par emilucky