Penchons nous sur un phénomène
vieux de 30 ans, l’adaptation d’œuvres littéraires
en dessins animés par des studios d’animation japonais.
Bien sûr, le premier à avoir eu cette idée
n’est pas japonais mais américain, il s’agit
de Walt Disney qui en 1937 adaptait le conte des frères
Grimm « Blanche Neige et les 7 nains » pour le grand
écran.
Il faut attendre 1974 pour que les producteurs japonais se mettent
à transposer à leur tour des classiques de la
littérature enfantine en séries animées.
Selon mes recherches, bien aidées par le site www.planete-jeunesse.com
et www.manga-distribution.fr,
c’est « Heidi » qui se retrouve la première
à la tête de sa propre série. D’après
le roman de Johanna Spyri et produite par Zuiyô Eizô,
Heidi va vivre ses aventures tout au long des 52 épisodes
qui feront rêver nombre de petites filles.
Heidi est une jeune orpheline
dont le seul parent est un vieux grand-père bourru, surnommé
"l'ermite des Alpes". Confiée à ce dernier,
Heidi va découvrir la vie des alpages, et se faire de
nouveaux amis, dont le jeune berger Pierre, qui va lui inculquer
la dure vie des Alpes autrichiennes. On retrouve à la
réalisation de cette très jolie série Atsuji
Hayakawa, Masao Kuroda et Isao Takahata, connu pour «
Goshu le violoncelliste », « le tombeau des lucioles
», « mes voisins les yamada »… et bien
d’autres. Le character designer n’est autre que
Hayao Miyazaki qu’on ne présente plus et pour la
musique, c’est Takeo Watanabe qui composera aussi celle
de « Rémi » et de « Candy ».
Que du beau monde autour d’Heidi ! La série arrive
en France en 1981 sur TF1 et elle est disponible en DVD chez
Déclic Images.
Heidi, pionnière de la
série TV, va lancer une nouvelle mode et ce ne sont pas
moins de 32 nouvelles adaptations qui verront le jour dans les
15 ans qui suivront.
En 1975, c’est au tour d’une célèbre
petite abeille de voir ses aventures transposées sur
le petit écran. D’après le livre «
Maya l'abeille et ses aventures » paru en 1912 et traduit
en 28 langues de Waldemar Bonsels, cette coproduction allemande
et japonaise créera 104 épisodes dans lesquelles
Maya fera découvrir aux jeunes téléspectateurs
la vie passionnante des insectes à travers ses explorations
qui la mettront quelques fois en danger. Maya arrive sur TF1
en 78.
Nous n’allons pas citer toutes les séries produites
en suivant par ordre chronologique, mais nous allons juste effectuer
une petite sélection de celles qui valent le coup d’œil
encore aujourd’hui ou bien celles dont on ne se doutait
pas qu’elles étaient issues de livres.
Dans la première catégorie,
les séries qui valent le détour, on citera «
Edgar, Détective cambrioleur », « Lupin Sansei
» en vo qui est bien sûr adapté des romans
de Maurice Leblanc, « Arsène Lupin ». Il
y a eu 3 saisons d’Edgar, mais seule la deuxième
a été diffusée en France et est également
disponible en 2 coffrets DVD chez IDP. Edgar remporta un vif
succès au Japon, on parle de série culte et ça
n’est pas étonnant quand on regarde qui est à
la réalisation : Isao Takahata et Hayao Miyazaki. Encore
eux ! Le succès d’Edgar est tel que 155 épisodes
sont réalisés, ainsi que 1 AOV, 16 téléfilms
et 6 films !!! Le deuxième film, « Le château
de Cagliostro » d’ailleurs réalisé
par Miyazaki, est considéré comme le meilleur.
L’histoire d’Edgar est assez connue : Edgar est
un cambrioleur talentueux et séducteur, véritable
cerveau d’une bande de voleurs composée d’un
tireur d’élite flegmatique, d’un samouraï
taciturne et enfin de Magali, sa maîtresse, toujours prête
à les trahir pour son propre compte... Cette bande de
voleurs passera tout son temps à monter des coups tout
en étant poursuivie par un inspecteur qui ne lâche
pas l’affaire si facilement.
Passons à un autre genre
de série, l’adaptation animale ! Il y a eu quelques
séries où les personnages étaient représentés
en animaux, des chiens surtout comme dans « les 3 mousquetaires
», librement inspiré du roman d’Alexandre
Dumas où l’on suit le parcours du jeune D’Artagnan
qui deviendra comme on le sait un des mousquetaires de Louis
XIII et qui devra déjouer les sombres machinations de
Richelieu et de Milady tout en essayant de gagner le cœur
de la jolie Constance.
Cette série de 1981 qui
garde tout son charme sera suivie d’une autre transposition
canine en 1982, celle de « Sherlock Holmes », tout
droit sorti des romans de Sir Arthur Conan Doyle. Initié
par Hayao Miyazaki (encore lui !) et coproduite avec l’Italie,
« Sherlock Holmes » sera arrêté après
6 épisodes seulement pour des problèmes de droits.
La production reprendra 3 ans plus tard, mais sans Miyazaki
parti entre temps… Les 6 premiers épisodes nous
laissent entrevoir tout le talent de Miyazaki et ce que seront
ses prochains films. Le reste de la série respecte l’esprit
de son créateur et c’est un pur bonheur pour les
yeux.
Toujours dans la catégorie
adaptation animale, on peut citer « le tour du monde en
80 jours » tiré du célèbre roman
de Jules Verne. Ici tous les animaux sont représentés.
Philéas Fogg, l’auteur du pari fou à l’époque
(1872) de faire le tour du monde en 80 jours, est un lion, son
fidèle passe partout est un chat, la belle Romy, dont
Philéas tombera amoureux, est une panthère et
le vil M Sullivan est un loup. Cette série est avant
tout destinée au jeune public : beaucoup d’humour
et d’aventures rocambolesques sont au programme, mais
elle reste ancrée dans nos mémoires et on la reverrait
bien avec plaisir !
Tournons-nous maintenant vers
l’adaptation larmoyante. On garde le plus triste pour
la fin, le moins triste étant « Les 4 filles du
Dr March » d’après le roman « Little
Women » de Louisa May Alcott. L’histoire se déroule
sur fond de Guerre de Sécession, on suit les aventures
de Mme March dont le mari est parti sur le front et de leur
4 filles, Jo, Beth, Amy et Meg. Cette série de 1987 est
la 14ème adaptation de roman par la Nippon Animation
et c’est aussi une des séries les plus diffusées
au monde, juste derrière Princesse Sarah et Tom Sawyer.
Et c’est justifié puisque le travail réalisé
sur cette série est très bon et en plus c’est
fidèle au roman !
Toujours dans le genre larmoyant,
on peut évoquer « Rémi sans famille »
tiré du roman de Hector Malot « Sans Famille ».
La série date un peu, 1977, mais reste toujours poignante,
écoutez un peu l’histoire : Rémi apprend
qu’il est orphelin le jour où ses parents adoptifs,
poussés par la pauvreté, le vendent à un
comédien du nom de Vitalis qui est accompagné
de 3 chiens et d’un singe savant. La troupe parcourt les
routes de France en se produisant dans la rue pour gagner leur
vie. Vitalis se fait emprisonner et Rémi fait la connaissance
de Mme Milligan jusqu’au jour où Vitalis sort de
prison et le récupère. Ensuite, ce n’est
qu’une succession de tristes évènements…
Mais tout ceci n’est rien
comparé à la série la plus triste qui a
jamais été réalisée : je parle bien
sûr de « Princesse Sarah », l’histoire
de cette petite fille que son père, un riche homme d’affaire
qui doit partir aux Indes, confie à un pensionnat de
jeunes filles à Londres. Sarah est une petite fille hors
du commun, elle est très mature pour son jeune âge
et aime inventer des histoires pour le plus grand bonheur de
ses camarades de classe. Ces qualités lui assurent de
fidèles amitiés et en même temps lui attirent
la jalousie d’autres jeunes filles. Mais voilà,
le jour de son anniversaire, Sarah apprend une bien triste nouvelle
qui va bouleverser sa vie : son père est mort ruiné.
Elle se retrouve donc simple servante et doit subir les reproches
constants de l’horrible Melle Mangin et les railleries
de la détestable Lavinia. Sarah va passer par des étapes
toutes plus terribles et tristes les unes que les autres jusqu’au
dénouement qui reste une des meilleures fins de tous
les temps.
« Princesse Sarah
» est une adaptation de « la petite princesse »
roman de Frances Hodgson Burnett paru en 1905. Il y a de légères
différences entre le livre et le dessin animé,
comme bien souvent, mais dans les différences que l’on
peut noter la plus importante est la fin. Sans rien divulguer,
l’anime nous montre une Sarah bien différente de
celle du roman et Melle Mangin s’en prend plein les dents
! Ouais !
On termine avec deux séries cultes qui sont également
tirées de romans. Il s’agit, pour l’avant
dernière, des « mystérieuses citées
d’or ». Alors ce n’est pas une fidèle
adaptation, mais de nombreux événements viennent
d’un roman de Scott O’Dell qui s’intitule
« The King’s Fifth » et que vous pourrez trouver
en français sous le nom de « la route vers l’or
».
Dans le cas de cette série
franco-japonaise, seuls quelques éléments ont
été conservés comme les noms des personnages,
des lieux, quelques scènes également. Mais tout
ce qui fait l’originalité des Cités d’or
(la magie, les médaillons, le grand condor, les Olmèques)
tout ceci a été apporté par Jean Chalopin,
scénariste de la série. Autre point fort des «
Cités d’or» la musique composée par
Shuki Levy et Haim Saban, habile mélange de sons synthétiques
et de thèmes plus sud américains. www.citesdor.com
est un excellent site où vous pourrez retrouver toutes
les informations sur les « Cités d’or»
et également sur l’éventuelle suite qui
traîne depuis pas mal d’années.
L’adaptation sans doute la plus insoupçonnée
est celle de la célèbrissime série «
Capitaine Flam ». Et oui, cette saga spatiale est la fidèle
transposition (je dis fidèle car à quelques détails
prés tout y est) d’une série de romans et
de nouvelles datant des années 40 et 50 d’Edmond
Hamilton qui a pour titre « Captain Future, Man of Tomorrow
».
La série est décomposée
en 13 voyages de 4 épisodes chacun, chaque voyage étant
l’adaptation d’un des volumes originaux. L’histoire
tout le monde la connaît : Curtis Newton, alias Capitaine
Flam, et son équipe combattent les pires criminels de
la galaxie. La série a quelque peu vieillie, mais elle
mérite d’être redécouverte avec notre
vision d’adulte. On pourra trouver que les personnages
sont trop lisses, mais les différentes aventures du capitaine
sont toutes très intéressantes. Malheureusement,
il est très difficile de trouver les ouvrages d’Hamilton
car ils sont sortis sous forme de Pulp aux Etats Unis et pas
en France…
Le site www.capitaineflam.free.fr
est une excellente adresse pour recueillir toutes les informations
sur les livres, la série et les personnages de Capitaine
Flam.
De nombreuses autres séries
ont été produites par les studios japonais, Nippon
Animation en tête. On pourra citer les célèbres
« Tom Sawyer », « Belle & Sébastien
» et « Nils Holgersson ». D’autres moins
connues mettaient en vedette « Alice au pays des merveilles
», « Flo et les robinsons suisses », «
l’île au trésor », « le livre
de la jungle » ou bien encore « Pinocchio »,
« Peter Pan » et « Robin des bois ».
La production de ce genre de séries s’est arrêtée
au début des années 90. Depuis, ce sont les adaptations
de mangas à succès qui ont la côte, sans
oublier les créations originales que l’ont doit
à quelques studios novateurs comme Gainax, Sunrise, Bones
et bien d’autres encore. La tendance est assez similaire
du côté du long métrage, pas mal d’idées
originales et de films tirés de séries ou mangas
à succès. On peut citer comme adaptations : «
le tombeau des lucioles » de Takahata, ou encore le futur
film de Miyazaki « le château de Hurle » qui
est en cours de production actuellement.
Par Emilie
images -> planète
jeunesse