Kei Toume est une jeune
magaka pas très connue en France. Il a quelques années,
Glénat avait sorti Kurogane, mais avait interrompu sa
publication au bout de 2 tomes...
en 3 tomes - akata / delcourt
Résumé :
A la fin de ses études universitaires, Rikuo Uozumi n'a
pas choisi la même voie que ses camarades, il n'est pas
devenu un salary man en costume cravate. Il s'est simplement
trouvé un job dans une épicerie qui lui permet
tout juste de payer ses factures. Son quotidien se déroule
de manière paisible jusqu'au jour où une jeune
fille prénommée Haru et toujours accompagnée
d'un corbeau débarque dans l'épicerie. Elle s'intéresse
bien vite à Rikuo qui, lui, ne repense qu'à Shinako,
une acienne copine de fac qui est partie à Kanazawa pour
devenir enseignante. Il ne lui avait jamais avoué ses
sentiments. Le retour de Shinako à Tokyo permettra-t'il
enfin à Rikuo de tout lui avouer? Et comment Haru réagira-t'elle
face à cette prétendante innatendue?
Mon avis :
SYFM cerne très bien les incertitudes que l'on rencontre
de plus en plus chez les étudiants. Que faire après
l'université? Faut-il à tous prix chercher un
travail qui ne sera pas en accord avec notre personnalité?
Faut-il accepter le premier job venu tout en se disant qu'on
peut arrêter facilement? Cette façon de penser
dicte la vie de Rikuo. Il ne veut pas devenir adulte et assumer
toutes les responsabilités qui en decoulent. Il veut
rester en marge et se laisser porter. Ca n'est pas forcément
bien vu dans la société japonaise où tout
est une question de réussite professionnelle et de salaire.
Les rêveurs n'ont pas leur place dans un mode géré
par l'argent.
Comme le dit un ami de Rikuo qui a choisi le chemin dit "normal"
: "personne ne fait vraiment le travail dont il rêve".
Haru se rapproche de Rikuo par ce côté marginal.
Elle a été renvoyée du lycée car
elle faisait des petits boulots dans des bars. Depuis, elle
continue de travailler à droite à gauche. Elle
traine toute la nuit dans le quartier de Shinjuku et ne semble
pas vouloir mener une existence banale et toute tracée.
Néanmoins on se demande bien pourquoi elle s'accroche
autant à Rikuo qui ne veut pas prendre ses responsabilités
et qui semble obsédé par Shinako.
Quant à elle, Shinako est vraiment devenue une adulte.
Elle a obtenu un poste d'enseignante et va se détacher
de Rikuo, tout d'abord en quittant Tokyo, puis à son
retour, elle va lui faire comprendre qu'elle ne pourra jamais
le considérer autrement que comme un ami. Elle cache
au fond d'elle même des blessures qui remontent à
son passé et qui l'empêchent d'avancer.
SYFM est un triangle amoureux doublé de nombreuses interrogations
sur l'avenir et le passage à l'âge adulte. Amour,
travail, études, on peut tous se sentir concernés
par ces thèmes. On se sent proche des personnages grâce
au talent de narration de la mangaka. C'est simple, bien écrit
et bien dessiné, le trait fait un peu crayonné,
ce n'est pas du dessin tout lisse qui ne laisse pas passer les
émotions des personnages.
On pourrait faire un rapprochement entre SYFM et Kids Return
de Takeshi Kitano qui raconte l’histoire de deux adolescents
en échec scolaire qui vont se détourner des études
pour suivre la voie du sport ou encore celle de la délinquance
en rejoignant les yakusas. On ressent un peu la même ambiance.
Ce sont des environnements assez tristes, désincarnés.
Dans Kids Return, un personnage secondaire décide de
prendre un travail de bureau. C'est pas facile pour un jeune
qui débute. Il n'aime pas faire ce travail, mais il le
fait quand même, un peu comme le copain de Rikuo. Les
héros de Kids Return choisissent deux voies différentes,
tout comme Rikuo et Shinako qui ne sont pas aussi désespérés
que nos Kids. Ils s'éloignent et ils finiront bien par
se retrouver un jour.
SYFM parle de la jeunesse qui se trouve dépassée
par le monde des adultes mais qui doit y trouver sa place. C'est
terriblement d'actualité quand on voit le phénomène
de la télé réalité et tous ces jeunes
qui croient y voir un échapatoire à leur existence
pas très rose.
Bref, c'est un titre très attachant et vrai, à
lire absolument, rien que pour se rendre compte qu'on est pas
tout seul dans ce cas...
Par Emilie
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