Wolf‘s Rain est
la dernière création du très réputé
Studio Bones, responsables entres autres de Cowboy Bebop et
Escaflowne.
Ici, exit les mondes futuristes peuplés de chasseurs
de prime et de vaisseaux spatiaux swinguant sur des airs de
Jazz, exit les chevaliers moyenâgeux pilotant des Mechas
sur fond de chants grégoriens. Wolf ‘s Rain se
déroule dans un univers non identifiable, à une
époque non identifiée. C’est assez proche
de notre époque, mais c’est en même temps
plus avancé technologiquement et aussi plus reculé…
On dirait qu’il y a eu un cataclysme ou un événement
dramatique qui a poussé les gens à se réfugier
dans quelques rares villes fortifiées, mais on en sait
pas plus. C’est compliqué, hein ? Et bien l’histoire
n’est pas en reste !
Figurez-vous que dans ce monde,
les loups ont complètement disparus depuis 200 ans et
on dit même que le jour où le monde touchera à
sa fin, un paradis apparaîtra sur terre et seuls les loups
pourront le trouver. Un conte de fées pour certains,
une réalité pour d’autres. Car les loups
existent toujours, et pour survivre parmi les hommes, ils ont
développé le pouvoir de prendre une apparence
humaine, et ainsi, ils peuvent passer totalement inaperçus
aux yeux des humains.
Le premier épisode débute
sur l’image d’un loup blanc épuisé
qui se couche sur la neige. Ce loup, c’est Kiba, et ses
dernières pensées avant de sombrer dans le sommeil
se tournent vers le paradis qu’il recherche depuis toujours.
Au contraire, Tsume, un autre loup, a choisi de vivre parmi
les hommes et dirige une bande de voleurs, tout en restant très
froid avec les humains. Il n’est pas comme eux, mais il
ne cherche pas non plus à affirmer sa vraie nature de
loup. Il survit juste dans le monde des hommes.
Plus tard, nous ferons la connaissance
de Hige, jeune loup un peu roublard qui fait sa route au milieu
des humains, et de Toboe, le petit dernier qui a été
élevé par une vieille dame et qui ne connaît
pas la vie de loup sauvage.
A côté de ces quatre protagonistes, on croise plusieurs
personnages secondaires. Tout d’abord, le vieux Shérif
Yaiden qui nourrit une haine profonde des loups et qui cherche
à tous les exterminer. Vient ensuite l’inspecteur
Hubb Lebowski qui est au départ un banal agent de police
qui fait juste son boulot. Et pour finir, Cher Degre, scientifique
et ex-femme de l’inspecteur qui étudie une mystérieuse
jeune fille enfermée dans une bulle.
Et c’est bien autour de
cette jeune fille nommée Cheza que tourne l’histoire
de Wolf’s Rain. Car vous devez vous demander ce que font
quatre loups dans la même ville alors que leur race est
censée être éteinte depuis deux siècles…
La réponse est en Cheza, aussi connue sous le nom de
‘’La jeune fille de la fleur lunaire’’…
Et depuis tout temps, le loup et la lune sont unis dans les
contes et légendes. Ils s’appellent mutuellement
et dans quel but ? Celui d’aller au paradis bien sûr
!
Revenons en à nos moutons,
ou plutôt à nos loups ! Attirés par l’odeur
de la fleur de lune, Kiba et Hige se rendent au laboratoire
où elle est gardée prisonnière. Mais ils
y arrivent trop tard. Darcia, un noble au look gothique et terriblement
séduisant, vient de kidnapper la frêle Cheza et
quitte la ville à bord de son vaisseau personnel. Rejoints
par Tsume et Toboe, nos quatre loups n’ont plus qu’à
quitter la ville à leur tour pour poursuivre leur quête
du paradis qui passe par Cheza.
Voilà en quelques mots
l’histoire de Wolf’s Rain. Plutôt complexe
non ? Et ce n’est qu’un aperçu des trois
premiers épisodes ! Forcément, après on
se pose plein de questions ! Pourquoi les loups veulent-ils
aller au paradis ? Et comment vont-ils y arriver ? Qui est réellement
Cheza, la fleur de lune ? Qui est Darcia et pourquoi veut-il
Cheza ? Après les trois premiers épisodes on commence
à avoir quelques éléments de réponses,
mais à chaque fois qu’on croit tout comprendre,
un nouvel élément se rajoute et tout s’effondre…
Pas de panique, c’est pas si compliqué que ça
! En voyant les images, ça passe beaucoup mieux !
Côté personnages,
c’est pas facile non plus, car les héros sont des
loups qui donnent aux humains l’illusion qu’ils
sont eux-mêmes humains mais ont des caractères
de loups, ils possèdent une force et une agilité
supérieures à celles des hommes. Donc, c’est
pas facile de s’attacher à eux, même si Kiba
a une longueur d’avance grâce à son physique
plutôt avantageux ! Merci Mr Toshihiro Kawamoto ! On aurait
plutôt tendance à s’identifier aux personnages
secondaires, surtout à l’inspecteur Hubb qui débarque
dans l’histoire un peu comme nous et qui ne veut pas croire
aux loups qui se changent en hommes, mais qui va néanmoins
mener son enquête.
Et c’est ça qui
est bien avec cette série, c’est qu’on suit
les péripéties de nos quatre loups, mais aussi
celles du Shérif Yaiden qui les traque, de la scientifique
Cher qui part à la recherche de Cheza et celles de l’inspecteur
Hubb qui part sur les traces de Cher. Bien sûr l’intrique
principale reste la quête de paradis, et les intriques
secondaires ne sont pas juste là pour donner du fil à
retordre à nos héros, mais bien pour donner du
corps au scénario, pour l’étoffer et le
rendre plus crédible. Pas étonnant, quand on sait
que son auteur n’est autre que Nobumoto Keiko, scénariste
de Macross Plus, Escaflowne, Rahxephon, Cowboy Bebop…
Passons à l’aspect
plus technique de la série, avec un petit mot à
propos de l’animation. C’est du haut de gamme pour
une série TV. Le studio Bones est à la hauteur
de sa réputation. Les personnages sont très bien
animés, surtout dans les scènes d’action.
Les décors sont peut être moins animés,
mais il faut préciser que les rues ne sont pas très
animées, c’est le mot ! Il n’y a pratiquement
pas de passants. Les gens étant plutôt pauvres,
à part les Nobles qu’on ne voit jamais, ils ne
sortent pas de chez eux. Mais les décors sont tout de
même très travaillés et contribuent largement
à installer une atmosphère spéciale à
la série qui est aussi très bien réalisée.
Scènes d’action
énergiques se mêlent avec des scènes plus
calmes mais pas forcément reposantes. On sent toujours
une tension sous-jacente. C’est plus original que pas
mal de séries actuelles qui sont toutes sur le même
modèle. Là, Mr Tensai Okamura s’en est donné
à cœur joie en intégrant des plans et des
mouvements de caméras dignes d’un film live.
Encore une petite chose avant de conclure. L’ambiance
très particulière de Wolf’s Rain apporte
beaucoup d’originalité à la série.
J’ai rarement vu ça (et même là je
n’ai pas d’exemple) On ressent une sorte de tristesse
et d’inéluctabilité.
Tout le début de la série
(les neufs premiers épisodes) se déroulent dans
des villes qui ont l’air plus ou moins abandonnées
(peu d’habitants, murs sales, bâtiments en ruine…)
ou dans des décors naturels comme un désert de
neige, de pierre, une forêt sombre. Et sombre est le mot.
On ne voit jamais le soleil (à part dans un flash-back
). C’est toujours ou gris, ou jaunâtre / orangeâtre.
Il y a très peu de couleurs vives, seulement des déclinaisons
de bruns, gris, bleutés. Quelques éléments
apportent de la couleur comme les cheveux de Cheza, mais encore,
c’est du rose pâle… Et les personnages ne
sont pas là pour mettre de la joie. Il y a bien Hige
le roublard et Toboe le maladroit qui insufflent un peu de vie
à la meute, mais c’est bien faible…
La musique de Yoko
Kanno tient un rôle clé dans la création
de cette ambiance fin du monde (mais pas chaotique) C’est
assez intimiste, elle utilise peu d’instruments surtout
des cordes, des guitares sèches, quelques instruments
grinçants et des voix masculines et féminines
qui donnent tour à tour un côté mélancolique
et désespéré aux images et un côté
plus malsain, plus dur. On est pris entre deux sentiments contradictoires.
Les génériques de la série illustrent bien
les sentiments des personnages. Celui du début le clame
haut et fort : ‘’Je n’ai pas de regrets car
je n’ai rien à perdre, je vais donc vivre ma vie
comme je le veux, jusqu’à ce que je tombe’’
et le titre de la chanson est encore plus révélateur,
Stray qui signifie Egaré. Et les loups comme les hommes
sont vraiment égarés dans ce monde étrange.
Le générique de fin est aussi révélateur
de l’état d’esprit des personnages, mais
il porte un peu plus d’espoir en lui, tout comme Kiba
qui est le seul à croire de tout son être à
l’existence du paradis et que sa quête sera couronnée
de succès.
Vous l’aurez compris (ou
pas) Wolf’s Rain est une excellente série : très
bonne réalisation, scénario en béton (on
ne peut vraiment rien deviner à l’avance), des
personnages originaux, une musique très élaborée,
une atmosphère inhabituelle. Enfin bref, une série
qui apporte du changement, du renouvellement dans l’animation
japonaise qui se contente peut être trop souvent d’adapter
des mangas à succès (même si ils sont de
bonne qualité).
Par Emilie