Asian Connection, l'émission sur les cultures asiatiques - Radio Campus 88.1 - Mardi 19h/20h


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Tsui Hark

 

Tsui Hark
Tsui Hark est souvent considéré comme le Spielberg de Hongkong. Il partage avec son homologue américain, la même passion pour le cinéma. Il ne cesse de vouloir innover et faire avancer le cinéma dans sa globalité. Parfois certains choix de Tsui Hark peuvent désorienter ou dérouter mais il a cette force de caractère pointée vers l’avant, vers l’avenir. Il est de ses hommes perfectionnistes qui savent utiliser les expériences du passé pour enfin s’approprier le présent. Tsui Hark est un visionnaire touche à tout qui a fait de son cinéma, un cinéma pluriel, véritable patchwork transpirant de maîtrise et de vie. Avec près de 30 films au compteur, Tsui Hark est le chef de file du cinéma de Hongkong, patron d’un cinéma à la recherche d’un second souffle, d’une nouvelle énergie, un
cinéma qui ne doit pas exister seulement dans une logique de technicité vouée à combler les manques d’un cinéma américain sur les gentes.

Tsui Hark est né au Vietnam en 1951. Il se retrouve rapidement à Hong Kong vers 1967 où il découvre le cinéma cantonais qui le passionne déjà. C’est cet amour du cinéma qui pousse le jeune Tsui Hark à aller étudier aux Etats-Unis. De retour en 1977 dans sa patrie, proche de ses racines, il réalise son premier film « The Butterfly Murders » qui fait un flop au box office local. Déjà, dès ce premier film il impose pourtant un style qui fera quelques années plus tard, son succès. Cet échec ne décourage pas Tsui Hark qui enchaîne avec « Histoire de Cannibales » qui ne marche pas plus au box-office. En 1980, le cinéaste signe « L’Enfer des Armes » qui l’ancre dans la catégorie des réalisateurs barbares et incontrôlables. Ce troisième film, sorte d’ « Orange Mécanique » chinois présente une ultra violence rare baignée dans un noir absolu, sans refuge ni retraite, laissant peu de place à l’innocence,
Butterfly Murders
inaccessible pour la plupart des personnages du film. La noirceur de « L’enfer des Armes » est renforcée par un réalisme cru des images allié à une réalisation sobre et efficace. Une chose est sûre, un cinéaste est né.

Zu les guerriers de la montagne magique
Le début des années 80 est marqué par le déclin du cinéma populaire et traditionnel Chinois et les films de la Shaw Brothers ne font plus les mêmes recettes que par le passé. C’est l’occasion, pour toute une génération de réalisateurs de jouer dans la cour des grands. On peut parler d’une nouvelle vague dans le cinéma Hongkongais. Evidement, l’ami Tsui Hark en fait partie. Le Wu Xia Pian, passé de mode depuis des années s’apprête à faire un retour fracassant dans les salles obscures de la péninsule sous la houlette du jeune Tsui. Le film en question, c’est « Zu les guerriers de la montagne magique ». Hark en chamboule tous les codes, qu’ils soient scénaristiques ou visuels pour se réapproprier le genre et faire un film
comme on en avait pas encore vu à Hongkong. « Zu » est un peu la réponse chinoise à Star Wars car à l’instar du film de Georges Lucas, il est jonché d’effets spéciaux. D’ailleurs il est à noter que certains membres de la trilogie Star Wars étaient présent, en 1982 à Hong Kong afin d’apporter leur savoir à Tsui Hark. « Zu » est devenu un film culte qui ne cesse pas d’augmenter son aura internationale. Même si le film est aujourd’hui visuellement un peu juste et dépassé, il faut le replacer dans son contexte historique. La réalisation est alerte, frénétique et spectaculaire sans placer l’intrigue au rang de faire valoir. Les acteurs y croient et le cinéma populaire vient de se trouver un nouveau départ, insufflé par un génie de l’image.

En 1984, pour éviter les bras de fer avec les gros studios de l’époque qui pourraient freiner son énergie, Tsui Hark fonde sa propre maison de production : la Film Workshop. L’objectif de la maison est de laisser carte blanche aux réalisateurs pour qu’ils puissent donner toute la mesure à leurs talents. On verra que par la suite Tsui Hark deviendra comme la plupart des producteurs : un petit dictateur de l’industrie
Le syndicat du crime
cinématographique. Son charisme lui vaut la faveur de tous les réalisateurs prometteurs qui finissent presque tous à le rejoindre. John Woo, déjà considéré comme un vétéran et papa d’une quinzaines de comédies potaches étouffant son talent arrive lui aussi à la Film Workshop. John Woo peut enfin mettre en chantier un film personnel car Tsui Hark l’encourage à le faire, lui donnant carte blanche. Woo signe alors « Le Syndicat du Crime » produit par Tsui Hark et pulvérise le box-office de Hongkong. La Workshop triomphe et la suite réalisée dans la foulée remporte elle aussi tous les suffrages.

Histoire de Fantômes Chinois
En 1989, Tsui Hark produit « Histoires de fantômes chinois » dirigé par Ching Siu Tung et c’est à nouveau un raz de marais populaire, que ce soit en Asie ou en Europe où le film est remarqué lors de nombreux festivals.
La politique de Tsui Hark, à savoir de relancer le cinéma populaire à Hongkong s’avère payante et il devient vite le monsieur tout puissant de l’industrie du cinéma Honkongais qui reprend du poil de la bête.

 

Mais l’ami Tsui Hark intervient de plus en plus d’une main de fer dans tous les films qu’il produit, ce qui provoque le départ de John Woo qui s’exile pour réaliser « Une balle dans la tête », film qui deviendra le chef d’œuvre qu’on sait. Tsui Hark, qui avait donc refusé de produire le film de Woo, en reprend pourtant un bon nombre d’idées pour mettre en scène lui même le troisième volet starring Chow Yun Fat de la série du « syndicat du crime ».
« Le Syndicat du crime 3 » est un bon film qui ne parvient pourtant pas à égaler les deux premiers opus de John Woo qui restera le plus à même de réaliser ce type de film.


En 1991, après avoir co-signé « Swordman » avec une fourchette d’autres réalisateurs, il imagine et met en scène le premier volet de sa série culte de chez culte : « Il était une fois en Chine » et travaille pour la première fois avec le champion national de Wu Shu et star montante du cinéma d’action Hongkongais : Jet Li. L’acteur incarne Wong Fei Hung, une figure emblématique de l’histoire Chinoise. Leur association débouche sur
Il était une fois en Chine
la naissance d’un chef d’œuvre du cinéma mondial qui consacre le talent de Tsui Hark.
Le dossier sur Jet Li vous apprendra en quoi « Il etait une fois en chine » est une leçon de cinéma. Il y a tout dans ce film : de l’action, des chorégraphies de légende, des sentiments, de l’humour mais aussi une formidable réflexion sur la Chine face à son occidentalisation. Tsui Hark se positionne comme un témoin de l’histoire de son pays sans pour autant oublier ce qui fait la force de son cinéma, c’est à dire une caméra douée de vie alliée à son vœu de faire perdurer et prospérer le cinéma populaire Honkongais. Inutile de préciser que le film est un succès de plus au box office pour la Film Workshop.

Il était une fois en Chine 2
Tsui Hark poursuit sa carrière et s’assoit un peu plus encore sur le trône de roi du cinéma local et met en scènes deux suites à son succès de 1991. « Il était une fois en Chine 2 la Secte du Lotus Blanc » voit le jour en 1992 et « Il était une fois en Chine 3 Le Tournoi du Lion » sort sur les écrans en 1993. Ces deux suites font durer encore un peu plus le plaisir que l’on éprouve devant la vision de cette saga si spectaculaire et intelligente.
Pour ma part mon épisode préféré est le deuxième, suivent le premier et le troisième. Tsui Hark reviendra sur cette série à 3 reprises en tant que producteur pour des épisodes un peu moins bon, sans Jet Li pour deux d’entre eux.

En 1993, Tsui Hark réalise « Green Snake » avec Maggie Cheung. Ce film d’un visuel venu d’ailleurs, d’une beauté à couper le souffle demeure un film étrange qui peut dérouter comme fasciner. A noter le personnage du moine interprété par Chiu Man Chuk qui vous surprendra assurément. Ce film qui ne ressemble à aucun autre est une expérience à part pour tous les cinéphiles qui se respectent.

L’année suivante, le génial Tsui Hark signe « The Lovers ». Le film est une ode à l’amour.

Green Snake
Un amour impossible, contrarié par des traditions laissant peu de place aux sentiments. Le plus beau film du réalisateur, une des plus belles histoires d’amour du septième art. Jamais Tsui Hark ne tombe dans la niaiserie, jamais il ne succombe à la facilité, jamais il ne trahit ses personnages ni le spectateur. Il ne se laisse pas non plus manipuler par l’univers du mélo larmoyant. Les larmes qui coulent sur le visage pendant le visionnage du film sont naturelles et honnêtes, pas voulues ou provoquées consciemment. Le couple interprété par Charlie Young et Nicky Wu est renversant de charme et de simplicité. Tsui Hark fera de nouveau appel à ces deux acteurs un an plus tard pour le film d’aventures : « Dans la nuit des temps » mais avec toutefois un peu moins de réussite.

The Blade
Outre ce film sorti en 1995, cette année va être marquée par la sortie deux autres films de Tsui Hark qui les enchaîne tel un forcené. « The Blade » constitue le renouveau du Wu Xia Pian. Ce film centré sur la légende du combattant manchot est le retour du réalisateur dans le cinéma noir violent et viscéral de ses débuts. Chiu Man Chuk interprète le premier rôle de ce film parfait qui ne laisse personne indifférent. Tsui Hark prouve une nouvelle fois sa capacité à se trouver là où on ne

l’attend pas, faisant de son cinéma un art qui s’avère être un formidable moyen d’expression. A noter, le prodigieux combat final du film qui oppose Chiu Man Chuk et Hung Yan Yan qui restera comme un des plus grand si ce n’est le plus grand duel de l’histoire du cinéma, loin des idéaux du cinéma moderne de ce début de siècle.

Toujours en 1995, pour le nouvel an Chinois, Tsui Hark offre « Le Festin Chinois » au public Hongkongais dans lequel Leslie Cheung triomphe. Cette comédie débridée est une réussite et on se pose encore la même question que dans quasiment tous les films du maître : «Mais comment fait-il pour trouver toutes ses idées de mise en scène ? ».

Tsui Hark se laisse alors tenter par Hollywood et réalise deux films américains avec Jean Claude Van Damme qu’on ne préfère pas évoquer ici, mais dont on parle un peu par là...


En 2000, le pape du cinéma Honkongais retourne au bercail et nous fait un superbe cadeau : « Time and Tide », polar survitaminé, d’une rapidité et d’un dynamisme encore jamais atteints, réalisé par un extra-terrestre du cinéma doté de caméras vivantes. Vous l’aurez compris « Time and Tide » est le film que Tsui Hark devait faire pour prouver que son art ne s’était pas évaporé dans ses 2 expériences d’outre-Atlantique.
Time and Tide

En 2001 il revient à ses débuts en mettant en scène une suite à son film culte de 1982 « Zu les guerriers de la montagne magique ». « Legend of Zu » et ses effets spéciaux à foison est toujours inédit en France, le DVD import (avec sous titres anglais) est donc le seul moyen de le voir. Mais l’intrigue complexe ne permet pas une bonne vision, que font les distributeurs ?

Tsui Hark reste un des plus grands réalisateurs Hongkongais de tous les temps, difficilement copiable, plutôt intouchable.

Par Nicolas Loubère

 

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